Henri Konan Bédié à la conquête du fauteuil présidentiel ivoirien

L'ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, le 19 avril 2018 à Daoukro. | AFP/Archives | SIA KAMBOU

En Côte d’Ivoire, le faux suspense est terminé. L’ex-président Henri Konan Bédié, âgé de 85 ans, a annoncé samedi qu’il serait candidat à l’investiture de son parti le PDCI, principale formation de l’opposition, pour l’élection présidentielle du 31 octobre.

“Je ferai don de ma personne”, a déclaré l’ancien chef d’Etat, qui a dirigé son pays entre 1993 et 1999. Reprenant curieusement la tristement célèbre formule du Maréchal Pétain en 1940, il a demandé aux responsables du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), réunis chez lui à Abidjan, de mobiliser les militants pour lui “assurer une victoire éclatante” lors de la convention d’investiture le 26 juillet.

Leader incontesté du PDCI, “HKB” a soigné la mise en scène, en répondant à un “appel” des responsables du parti, lu par le plus jeune des délégués, lui demandant “avec insistance”, “de faire acte de candidature à la convention de désignation du candidat”.

“Je reçois cette demande de candidature comme une mission de salut public découlant d’une attente forte de la base, m’imposant ainsi l’obligation de compétir (concourir) lors de cette convention”, où sa désignation ne fait guère de doute, a déclaré l’ancien leader, qui avait été chassé du pouvoir par un coup d’Etat en 1999.

L’un des principaux responsables du parti, Jean-Louis Billon, un homme d’affaires à la tête d’une des plus grosses sociétés privées du pays, qui était présenté comme un candidat possible, a auparavant annoncé son retrait en faveur de M. Bédié.

“Moi-même ayant des ambitions, aujourd’hui devant la demande qui vous est faite, sachant que vous allez répondre de manière positive, je retire ma candidature”, a-t-il déclaré lors de la réunion.

D’autres noms de personnalités avaient circulé comme présidentiables, tels que Thierry Tanoh, ancien ministre et banquier, ou Tidjane Thiam, l’ancien directeur du Crédit Suisse, petit neveu de l’ancien président Félix Houphouët Boigny.

M. Bédié, surnommé le “sphinx de Daoukro” pour sa parole rare et ses capacités de survie politique, devrait donc une nouvelle fois se présenter à la magistrature suprême, après les tentatives invalidées ou ratées en 2000 et 2010.

“Notre victoire à l’élection présidentielle prochaine (…) permettra aux jeunes de Côte d’Ivoire d’accéder aux responsabilités pleines et entières dans la gestion des affaires publiques”, a-t-il affirmé.

– Plusieurs candidats en lice pour la présidence –

Après deux mandats, l’actuel président, Alassane Dramane Ouattara, a annoncé son retrait, soulignant la nécessité de faire place aux jeunes. Son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, 61 ans, défendra à l’élection présidentielle les couleurs du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Un autre candidat s’est déjà déclaré, l’ancien chef rebelle Guillaume Soro, 47 ans, ex-allié du président Ouattara devenu opposant. Mais il fait face à plusieurs procédures judiciaires dont une condamnation à 20 ans de prison et vit en exil en France.

L’autre grande formation d’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI) n’a pas encore fait connaître sa position pour la présidentielle.

Son fondateur l’ex-président Laurent Gbagbo, 75 ans (au pouvoir de 2000 à 2010) est en liberté conditionnelle depuis son acquittement par la Cour pénale internationale, et la possibilité de son retour en Côte d’Ivoire n’est pas tranchée.

La FPI a passé un “accord politique” avec le PDCI. Les contours de l’accord sont flous, et celui-ci ne semble pas à ce stade être une véritable alliance électorale pour la présidentielle.

Le PDCI désignera formellement son candidat à la présidentielle prévue le 31 octobre lors d’une “convention éclatée”, pour cause de coronavirus, les 25 et 26 juillet.

La date limite pour le dépôt des candidatures est le 31 juillet. Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait quelque 3.000 morts, la présidentielle d’octobre 2020 s’annonce tendue. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.

AFP/Rédaction