Kolélas, l’opposant qui rêve d'”alternance” au Congo

Guy-Brice Parfait Kolélas, opposant et candidat à l’élection présidentielle du 21 Mars 2021

Fils et héritier politique d’un rival historique de Denis Sassou Nguesso, il a pourtant été ministre de l’indéboulonnable chef de l’Etat: Guy-Brice Parfait Kolélas rêve aujourd’hui d’imposer l'”alternance” lors de la présidentielle de dimanche au Congo-Brazzaville.

Par Laudes Martial MBON

A 60 ans, Parfait Kolélas (“Pako”, pour les intimes) est un économiste arrivé en politique sur les conseils de son père, Bernard Kolélas, disparu en 2009 après avoir lutté contre le colonialisme et tous les régimes qui ont dirigé le Congo après son indépendance en 1960.

Proclamé deuxième de la présidentielle de 2016 remportée par M. Sassou Nguesso dès le premier tour, Parfait Kolélas, aujourd’hui cadre à la retraite, dit être prêt à réaliser l’alternance au regard de sa “base électorale” constituée des membres de la communauté lari habitant la région du Pool (Sud) et les quartiers Sud de Brazzaville, dans ce pays de 5,2 millions d’habitants, à l’histoire politique mouvementée.

Né à Brazzaville, Parfait Kolélas a fait de hautes études et a obtenu en 1987 un diplôme de troisième cycle d’études supérieures spécialisées (DESS) en économie et gestion des transports internationaux à Mulhouse-Colmar (Université de Mulhouse) en France.

En 1993 il obtient un doctorat en économie.

Il a ensuite enseigné dans les universités françaises avant de rentrer au pays où il a travaillé au ministère de l’Administration du territoire.

En 1997, son père Bernard Kolélas est nommé Premier ministre par Pascal Lissouba, et sa milice prête main-forte à celle du chef de l’Etat qui affronte dans Brazzaville les miliciens de Denis Sassou Nguesso.

Soutenu notamment par l’Angola, Sassou Nguesso remporte la guerre et s’installe au pouvoir. Bernard Kolélas est contraint à l’exil au Mali avec sa famille, dont Guy-Brice Parfait Kolélas, son quatrième fils.

“C’est en plein exil que mon père m’a demandé de poursuivre le combat politique. Il ne l’a dit qu’à moi, pas aux autres, alors que nous [étions] douze frères et sœurs”, a affirmé Parfait Kolélas lors d’un récent meeting.

– Finaliste en 2016 –

Parfait Kolélas retourne au pays en 2005 après la mort de sa mère, dont le pouvoir de M. Sassou Nguesso a autorisé l’inhumation à Brazzaville.

En 2007, le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCCDI), parti créé par Kolélas père en 1990, signe un accord de gouvernement avec le Parti congolais du travail (PCT) de Denis Sassou Nguesso.

Profitant de cet accord, Parfait Kolélas intègre le gouvernement en 2009 comme ministre de la Pêche avant d’occuper le portefeuille de la Fonction publique et de la Réforme de l’État jusqu’en 2015.

Les prises de position du ministre Parfait Kolélas dérangent ses partenaires du pouvoir lorsqu’il s’oppose publiquement en 2015, mais en vain, à la réforme de la Constitution qui permet au président de se représenter après deux mandats.

Sassou Nguesso est proclamé vainqueur de la présidentielle contestée de 2016, à laquelle Parfait Kolélas avait pris part après avoir créé son parti, l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki).

Soutenu par l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, M. Kolélas est officiellement classé deuxième avec 15% de suffrages.

“J’ai juste pris acte des résultats de l’élection, mais je ne les ai jamais reconnus. Parce qu’il y avait logiquement un deuxième tour entre moi et le général Jean-Marie Michel Mokoko”, autre candidat malheureux, répète souvent M. Kolélas qui a promis, en cas de victoire dimanche, de libérer celui-ci, condamné à 20 ans de travaux forcés au côté de l’ex-ministre André Okombi Salissa – également battu – pour “pour atteinte à la sécurité de l’Etat”, après avoir contesté la victoire électorale de M. Sassou Nguesso.

L’élection est “sans espoir d’alternance”, estiment cependant des analystes politiques. Quant à la conférence épiscopale du Congo, elle a émis de sérieuses réserves sur la transparence du scrutin.