Mobilisation massive à Washington et cérémonie pour George Floyd

Des manifestants marchent le long de la Pennsylvania Avenue pour protester contre la mort de George Floyd, à Washington, le 29 mai 2020. (Crédit : AP / Evan Vucci)

Les premiers manifestants affluaient samedi à Washington, tenus à distance de la Maison Blanche par d’imposants grillages, pour protester contre le racisme et les brutalités policières lors d’une journée marquée par une nouvelle cérémonie à la mémoire de George Floyd.

Par Camille CAMDESSUS

Des dizaines de milliers de personnes sont attendues dans la capitale fédérale américaine sous un soleil de plomb pour qui devrait être la plus grosse mobilisation depuis le début du mouvement, il y a 9 jours.

Une large partie du centre-ville était déjà bouclée samedi matin, ont constaté des journalistes de l’AFP. Plus d’une dizaine de collectifs, nombre d’entre formés spontanément sur les réseaux sociaux après la mort de George Floyd, ont appelé à envahir dans les rues de la capitale.

Des rassemblements importants s’annoncent aussi dans de nombreuses villes américaines, notamment à New York, Miami, ou Minneapolis, où George Floyd est mort et où ont débuté les émeutes.

Entraîné par une mobilisation massive sur les réseaux sociaux, le mouvement a fait tâche d’huile jusqu’à Londres, Pretoria, Paris et même Sydney, où au moins 20.000 personnes ont manifesté samedi.

Après une première cérémonie émouvante à Minneapolis jeudi, un deuxième hommage sera rendu samedi à cet Afro-Américain de 46 ans asphyxié par un policier blanc lors d’une interpellation le 25 mai dans cette ville du nord du pays. La nouvelle cérémonie aura lieu à Raeford, dans son Etat natal de Caroline du Nord.

La polémique augmente face à la répression des manifestations par les forces de l’ordre. Plusieurs vidéos montrant des interventions policières musclées face à des manifestants pacifiques ont émergé ces derniers jours.

En prévision des nouvelles manifestations, le chef de la police de Seattle a annoncé l’interdiction du recours au gaz lacrymogène pour trente jours.

La police de Minneapolis a aussi annoncé vendredi qu’elle interdisait dorénavant les “prises d’étranglement”, technique dangereuse notamment utilisée en 2014 à New York sur Eric Garner, autre homme noir décédé aux mains de la police dont les cris “Je ne peux pas respirer” ont également été prononcés par George Floyd lors de sa mort.

– “Un grand jour” –

Les nouveaux exemples de violences policières, notamment lors de la répression de ces protestations parfois violentes, nourrissent la colère à l’origine des manifestations qui secouent les Etats-Unis depuis la mort de George Floyd.

Certaines revendications des manifestants, qui défilent depuis 10 jours, ont été entendues: le policier qui a appuyé pendant près de neuf minutes son genou sur le cou de George Floyd a été inculpé mercredi d’homicide volontaire — et non plus involontaire — et les trois autres agents présents inculpés de complicité.

Mais les marches vont désormais au-delà de ce seul cas, pour dénoncer un racisme systémique et réclamer un véritable changement.

Elles sont ces derniers jours restées pacifiques et plusieurs villes, dont Washington, Seattle et Los Angeles, ont désormais levé leur couvre-feu. Mais pas New York, où il est maintenu jusqu’à dimanche soir. Vendredi, plusieurs milliers de personnes ont convergé à Brooklyn et Manhattan.

Plusieurs manifestations ont aussi eu lieu à l’étranger, notamment au Canada, où le Premier ministre Justin Trudeau a défilé à Ottawa avec plusieurs milliers de manifestants. Donald Trump, qui ne cesse d’appeler à rétablir l’ordre public, a appelé à nouveau vendredi les Etats qui ne l’ont pas fait, comme New York, à appeler en renfort la Garde nationale.

Il a suscité un tollé en déclarant, lors d’une intervention consacrée à la baisse surprise du chômage, qu’il s’agissait d’un “grand jour” pour George Floyd “en termes d’égalité”, alors que le président est accusé de n’avoir jusqu’ici apporté aucune réponse aux maux dénoncés par les manifestants.

Source: AFP