Le Bénin abritera du 24 au 27 août 2017, un Salon International sur la Sécurité. Initié par la société HOMINTEC, ce premier salon accueillera 70 délégations officielles et plus de 20.000 visiteurs. L’objectif est de tirer la sonnette d’alarme sur l’urgence d’une meilleure reconsidération des défis sécuritaires dans le monde notamment en Afrique en vue d’identifier des approches de solutions pour prévenir l’insécurité, une des causes profondes du sous-développement dans des régions du continent. « Plusieurs technologies seront présentées à cet événement qui va créer une émulation » à partir du Bénin, a confié Francis Kossi, Directeur général de HOMINTEC reçu par Infostime.
Propos recueillis par Safiou Tiega
Infostime : Lorsqu’on parle d’un monde plus sûr, en tout cas pour ce qui concerne l’Afrique aujourd’hui, on pense d’abord au règlement des épidémies, au règlement des problèmes de famine, de guerre mais vous, vous venez avec un concept différent : celui de la sécurité. Pourquoi ?
Francis KOSSI : Merci beaucoup. Il faut comprendre que depuis le 11 Septembre 2001, le monde entier a tourné vers une phase qu’on ignorait depuis fort longtemps: un monde complètement instable qui a conduit à d’énormes attentats un peu partout. Nous entendons parler de Boko Haram par ci et par là au Nigéria tout près. Aujourd’hui, nous avons des soucis dans la sécurité alimentaire. Les hôtels et les aéroports sont de plus en plus vulnérables. Donc, nous avons estimé que face à ces réalités, il est important de commencer à procéder à la collecte des informations, ensuite les partager afin de sensibiliser les populations sur la sécurité dans sa globalité.
IT : Comment comptez-vous convaincre donc ces populations de ce que la sécurité est un besoin fondamentale pour le développement ?
FK : Tout le monde constate que l’Afrique enregistre une croissance spectaculaire qui va jusqu’à 2 chiffres dans certains cas. C’est une réalité. Mais le développement ne suit pas. Le continent le plus jeune, c’est l’Afrique. C’est à la fois un avantage et une bombe à retardement surtout si, on n’arrive pas à mettre sa population au travail, donner de l’emploi aux jeunes. De ce fait, il est nécessaire pour nous en tant que spécialiste des questions de sécurité d’accompagner les gouvernements notamment celui du Bénin à travers un salon qui va réunir toutes les compétences dans le domaine de la sécurité de manière globale. La « Ville intelligente » est de nos jours une priorité dans le monde. Nous cherchons des solutions alimentaires favorables à la réduction du taux de maladies cardio-vasculaire. Nous cherchons aussi des solutions pour faciliter la fluidité des personnes au niveau de l’aéroport dans un environnement sécurisé et qui répond aux exigences du code ISPS (Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires) adopté après les attentats du 11 Septembre pour sécuriser l’économie bleue.
IT : Vous avez parlé de technologies innovantes du monde entier, combien de personnes sont attendues à ce salon et qui sont-ils exactement ?
FK: Nous pensons réunir 200 exposants venus du monde entier. 200 exposants ce qui implique 200 technologies différentes, de petites et moyennes entreprises (PME) porteuses de solutions innovantes de rupture pour notre développement, éventuellement, identifier des technologies actualisées pour atteindre les objectifs d’une « ville intelligente ». Le Bénin par exemple un pays dans lesquels la cybercriminalité est très active. Donc, il sera question à ce salon sur la Sécurité d’identifier entre autres, des approches de solutions pour lutter efficacement contre ce phénomène. Les thèmes qui seront abordés lors des travaux du salon suscitent déjà un grand intérêt au regard des confirmations de participations que nous recevons. Nous attendons plus de 20.000 visiteurs pour ce grand événement qui va créer une émulation ici au Bénin.
IT: Je rappelle que le salon devra durer trois jours, et vous avez 11 thématiques à développer. 72 heures pour 11 thématiques ne pensez-vous pas que c’est peu ?
FK: Non pas du tout. Vous savez, nous avons une vision. Ces thématiques seront développées parfois de façon simultanée par des experts qui viendront d’un peu partout des quatre coins du monde. Des experts dans les domaines de la cybercriminalité pour aborder les mécanismes de protection des données bancaires, des experts des questions aéro-portuaire, alimentaires, biomédicales sans oublier les spécialistes de l’économie bleue. C’est-à-dire l’économie au niveau des ports, des flops, les entrées et sorties des bateaux. Donc 11 thématiques, ce n’est pas beaucoup. Figurez vous qu’on a même reçu au-delà de 11 thèmes mais pour le moment pour la 1ère édition nous avons voulu en garder que onze.
IT: On a besoin de la sécurité dans tous les domaines de la vie et quand vous parlez de sécurité à quoi vous référez-vous exactement ?
FK: Nous allons attaquer la sécurité dans sa toute sa globalité. Nous devons sécuriser tout ce que nous mangeons. Il y a un effort qui se fait déjà au niveau du gouvernement mais nous sommes en train d’apporter l’expertise nécessaire pour assurer la sécurité alimentaire avec les nouvelles technologies. Nous avons aussi besoin de sécuriser le domaine de la santé. Savez-vous qu’aujourd’hui nous sommes toujours à l’étape de la kétamine pour faire l’anesthésie classique ? Mais aujourd’hui il y a des machines de pointe qui font le travail avec plus d’efficacité. Nous pouvons aller vers la télé médecine, comment opérer à distance, comment diagnostiquer avec les nouvelles technologies aujourd’hui. Nous créons une ébullition dans le monde entier à travers ce salon. C’est le rendez-vous pour trouver également des solutions à l’identification des passeports, la sûreté dans les hôtels éventuellement aussi au niveau des infrastructures.
IT: vous portez si brillamment ce défi de la sécurité mais comment la diaspora africaine peut-elle être un support réel à cet engagement ?
FK: Je donne le cas très simple du Togo. Aujourd’hui le Togo avec ses difficultés financières a un apport de 25% sur l’économie substantielle qui vient de la diaspora. Nous avons plusieurs de nos enfants, de nos jeunes qui sont à l’extérieur, qui ont goûté tout simplement à des technologies innovantes. C’est l’occasion pour nous de leur demander de venir nous apprendre ce qu’ils ont déjà comme acquis dans le domaine de la sécurité. Nous lançons dans le même temps, un appel à la diaspora de venir découvrir les opportunités encore disponibles pour créer l’ébullition économique. Le continent africain verra sa population doubler dans les 20 ans à venir. La population africaine représentera de ce fait, 22% de la population mondiale. Il faut cependant que nous puissions donner des outils nécessaires à celle-ci notamment à la jeunesse pour son développement.
IT: Au cours de ce salon également vous comptez primer les meilleures start-ups ; pouvez-vous nous en dire plus ?
FK: Le développement évolutif de l’Afrique vient surtout des technologies innovantes. Les grands groupes en Europe et un peu partout aux Etats Unis n’ont jamais apporté des solutions réelles pour ce continent. Pourquoi ? À cause de leur statut d’inertie. Le développement de l’Afrique vient par lui-même. Nous sommes en train de voir une Afrique qui s’autofinance à travers des jeunes, des start-ups, développeuses de solutions. J’ai vu des jeunes qui ont développé plusieurs applications mais qui cherchent des sources de financement pour les accompagner. Ce salon offre une tribune à ces jeunes pour montrer leur talent parce qu’à la fin des prix seront décernés aux plus méritants pour leur permettre de démarrer leur propre entreprise. Donc nous allons primer ces jeunes qui ont développé quelque chose dans le domaine technologique.
IT: Nous sommes à la fin de cette interview, votre mot de fin.
FK: Merci beaucoup. SIS Bénin: (Salon International de la Sécurité) est un rendez-vous pour penser autrement au développement de l’Afrique. C’est aussi un appel que nous lançons à l’endroit des gouvernements afin qu’ils nous assistent pour relever ce défi. Nous avons pensé que le Bénin à côté d’un géant comme le Nigéria a beaucoup de choses à vendre, beaucoup d’échanges à faire. Nous voulons ainsi entre autres, doubler ces échanges dans la zone de l’UEMOA pour passer de 15% à 30%. Et pour y arriver, nous avons besoin d’inciter la jeunesse à l’entreprenariat, à des rencontres avec des sociétés et des fabricants en vue d’éventuels partenariats pour dynamiser l’élan d’une Afrique nouvelle, développée et prospère.