“Rumble in the jungle” (“bagarre dans la jungle”), “combat du siècle”. Le KO infligé par Mohamed Ali à George Foreman en 1974 à Kinshasa a forgé le mythe du plus célèbre boxeur de l’histoire, décédé vendredi à 74 ans et figure du panthéon de la culture sportive.
Kinshasa, Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo), 30 octobre 1974, 4 heures du matin (locales) passées afin que la télévision américaine puisse diffuser en direct le combat: après 2 min 58 dans le 8e round, Mohamed Ali met au tapis son compatriote George Foreman. “The greatest” (“le plus grand”), comme il s’est lui-même surnommé, récupère le titre de champion du monde des lourds dont il a été déchu en 1967 pour avoir refusé d’aller faire la guerre au Vietnam. Il signe, surtout, la victoire la plus emblématique de sa riche carrière, et pas seulement en termes de boxe pure.
Depuis le début du combat, Ali surprend. Contrairement à sa réputation de poids lourd ultra-mobile et à ce qu’il montré tout l’été à l’entraînement, lors de longs footings le long du fleuve Congo, il encaisse les coups, replié dans les cordes pour ne pas tomber, et laisse son adversaire s’épuiser.
C’est que Foreman est plus jeune (25 ans contre 32 pour Ali), plus costaud et encore invaincu en 40 combats, dont 37 remportés par KO.
– ‘Ali, boma ye’ –
“Ali, boma ye!” (“Ali, tue-le”, en langue lingala) scandent les 100.000 spectateurs tout acquis à la cause de celui qui s’est montré bien plus à l’aise au coeur de l’Afrique pendant la préparation estivale.
Ali plie mais ne rompt pas, il en viendrait même à narguer son vis-à-vis. Puis, au 8e round, un éclair du droit fait connaître à Foreman le premier KO de sa carrière. “Mohamed m’a étonné, je dois l’admettre, confiera le vaincu. Il a été plus intelligent, il a mieux combattu. Ce soir-là, il était juste le meilleur sur le ring.” De ce combat, resteront la stratégie d’Ali, devenue légendaire sous le nom de “rope-a-dope” (la clé c’est les cordes), et certaines des répliques qui ont fait sa légende. Les “Je vole comme le papillon, je pique comme l’abeille… Ses mains ne peuvent frapper ce que ses yeux ne peuvent pas voir” et autres “Je suis si rapide que la nuit dernière, quand j’ai éteint la lumière dans ma chambre d’hôtel, j’étais déjà au lit avant qu’il fasse noir dans la pièce”, clamés lors de sa préparation.
Le “rumble in the jungle” a aussi été raconté par l’écrivain-journaliste américain Norman Mailer (“Le combat du siècle”, 1975) et dans un documentaire oscarisé (“When we were kings”, 1996).
Le ring qui a accueilli l’un des plus grands combats de l’histoire de la boxe a, en revanche, disparu: “volé il y a des années”, expliquait à l’AFP en 2014 le responsable du stade Tata Raphaël (anciennement stade du 20-mai) où Ali et Foreman se sont affrontés il y a plus de 40 ans.