Le président nigérian Muhammadu Buhari a dévoilé jeudi son programme pour rendre le Nigeria “meilleur”, imaginant un paradis incorruptible où les automobilistes s’arrêteront aux feux rouges et où les agents de police refuseront les pots-de-vin.
Dans le Nigeria rêvé de M. Buhari, les couturiers n’achèteront que des tissus “made in Nigeria”, les groupes armés dans la région pétrolière du Delta déposeront les armes, les détritus seront jetés dans la poubelle et non dans la rue, et les employés arriveront à l’heure au bureau.
“Je ne vendrai pas mon corps pour avoir mes examens”, lance une étudiante dans une série de petits films promotionnels montrés lors d’un grand rassemblement de personnalités politiques de haut rang à la villa présidentielle d’Abuja pour lancer l’initiative pour un nouveau Nigeria.
“Je f’rai plus jamais Yahoo Yahoo ou 419”, déclare un autre acteur en pidgin (anglais créole), faisant référence aux surnoms des arnaqueurs nigérians sur l’internet, qui ont donné sa mauvaise réputation à ce grand pays d’Afrique de l’Ouest.
Cette “campagne de réorientation”, telle qu’elle a été nommée par le chef de l’Etat, ne fait pas défaut à la discipline militaire tant affectionnée par le général à la retraite et à son style de direction du pays très “Big Brother”.
Mais M. Buhari a souligné que le but était avant tout de changer les “mentalités”.
“Nous devons résister à la tentation de tomber dans les mêmes petitesses, la même intolérance et la même immaturité qui empoisonnent notre pays depuis si longtemps”, a-t-il lancé à la délégation après le visionnage des films.
“Vous devez vous demander: qu’est-ce que j’ai changé jusqu’à présent? Qu’est-ce qui fait que je suis, moi aussi, un acteur du changement?”
Les films promotionnels, rythmés par le jingle incessant “le changement commence avec moi”, apparaît comme une version édulcorée de la “guerre contre l’indiscipline”, engagée par le général Buhari, lorsqu’il a gouverné le Nigeria une première fois, dans les années 1980.
A l’époque, des soldats forçaient les gens à faire la queue pour attendre le bus, ou à ne pas augmenter les prix dans les marchés, et les fonctionnaires devaient faire des pompes s’ils arrivaient en retard au travail.
Trente ans plus tard, la police et le secteur publique en général demandent toujours des pots-de-vin, et s’arrêter aux feux rouges est plus une suggestion qu’une loi.
M. Buhari a été élu en 2015, notamment pour sa volonté d’éradiquer la corruption, et les Nigérians, dans leur majorité, désiraient ce retour à l’ordre dans leur vie quotidienne.
Le président âgé de 73 ans, dont la réputation de sévérité n’est plus à prouver, accuse les Nigérians d’être “indisciplinés”, et les implore de perdre leur “mauvaises habitudes de défier les lois”.
“Chacun de nous doit changer la manière dont on faisait les choses avant”, a-t-il dit. “Nous ne pouvons pas croiser les bras et accepter que les choses se fassent à l’ancienne.”