Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exprimé mercredi l’inquiétude de l’Organisation concernant la lenteur de la mise en oeuvre de l’accord de paix au Mali, lors d’une réunion ministérielle consacrée à ce pays en marge du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Les participants ont respecté une minute de silence en début de réunion en l’honneur des soldats maliens et des Casques bleus qui sont décédés dans le cadre de leur mission pour protéger le peuple malien.
« De nombreux retards et la lenteur de la mise en œuvre des dispositions essentielles de l’accord de paix sont toujours une source de préoccupation. Le report de l’examen de la Constitution, s’il est utile pour désamorcer les tensions, retardera encore la mise en œuvre de certaines dispositions de l’accord de paix qui nécessitent des modifications constitutionnelles », a noté M. Guterres lors de cette réunion à laquelle participaient le Président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, et les Ministres des affaires étrangères de l’Algérie et de la France, Abdelkader Messahel et Jean-Yves Le Drian.
Selon le Secrétaire général, « les retards dans la réforme du secteur de la sécurité liés au redéploiement des forces de défense et de sécurité maliennes réformées et reconstituées au centre et au nord doivent également être notés ».
M. Guterres a toutefois souligné un certain nombre de réalisations au cours des derniers mois, en ce qui concerne la sécurité, le développement, la réduction de la violence communautaire, les efforts visant à prévenir le recrutement des jeunes et la tenue d’une conférence d’entente nationale inclusive.
« Pourtant, les réalisations du pays – qui sont remarquables – restent fragiles, en particulier à la lumière des récents affrontements entre groupes armés et des attaques récurrentes », a-t-il ajouté.
Le Secrétaire général a estimé que la situation des droits de l’homme restait préoccupante à la suite d’affrontements entre les groupes armés signataires de l’accord de paix, de l’infiltration régulière d’éléments armés extrémistes et des opérations de lutte contre le terrorisme menées par les forces armées maliennes et celles des pays voisins.
« Les conditions de sécurité se sont aggravées dans de nombreuses régions du pays, avec des civils nationaux et internationaux et des personnels en uniforme confrontés à des attaques presque quotidiennes », a-t-il ajouté. Il a condamné une attaque ce mercredi contre un camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) au nord de la ville de Kidal, qui a blessé un Casque bleu et causé des dégâts matériels.
Le chef de l’ONU a assuré que la MINUSMA restait aux côtés de la population malienne. « La Mission fait un travail extrêmement louable mais doit pouvoir continuer de compter sur le soutien de tous ses partenaires, y compris les membres du Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes et de police », a-t-il dit.
Le chef de l’ONU a souligné par ailleurs que la réunion ministérielle se déroulait moins d’un an avant la prochaine élection présidentielle.
« Les Maliens et leurs partenaires devraient œuvrer à l’instauration des conditions nécessaires à la tenue d’un scrutin pacifique et ouvert à tous. Les élections municipales organisées en novembre de l’année dernière ont posé un jalon important, mais elles n’ont pas pu se tenir dans toutes les régions et ont été encore ternies par un faible taux de participation », a dit M. Guterres, qui a encouragé les autorités maliennes à s’assurer que l’élection présidentielle touche tous les Maliens.
Avec le Centre d’actualités de l’ONU