L’Onusida, créée en 1994 par les Nations unies pour coordonner les programmes de lutte contre le sida, est plongée dans la pire crise de son histoire depuis le dépôt de cette plainte à l’encontre d’un ancien chef adjoint de l’agence.
Afin de répondre aux accusations de mauvaise gestion de cette affaire, M. Sidibé avait appelé en février 2018 à la mise en place d’un Groupe d’experts indépendants sur la prévention et la riposte au harcèlement, y compris sexuel, au sein du Secrétariat de l’Onusida.
Mais le rapport d’enquête publié la semaine dernière a infligé un sévère camouflet au directeur exécutif, en poste depuis 9 ans.
“Les dirigeants, les politiques et les processus au sein de l’Onusida n’ont pas réussi à prévenir les allégations de harcèlement, y compris de harcèlement sexuel, d’intimidation et d’abus de pouvoir à l’Onusida, ni à y répondre correctement”, ont pointé les experts.
Ils ont dénoncé une direction qui “échoue à prendre ses responsabilités face à une culture de l’impunité qui se répand au sein de l’organisation”.
Le rapport conclut qu’un “changement de direction est devenu nécessaire (…) pour que l’Onusida retrouve une culture de dignité et de respect”.
Le Conseil de coordination du Programme (CCP), qui pilote le fonctionnement de l’agence spécialisée sur le sida, a ouvert mardi une réunion de trois jours à Genève, qui pourrait décider du sort de son directeur exécutif.
Mais les activistes font pression sur le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres pour qu’il limoge M. Sidibé.
“A quoi ça sert d’avoir une enquête indépendante si vous n’avez pas l’intention de faire quoi que ce soit à partir de ses conclusions”, a confié à l’AFP Michael Weinstein, chef de la AIDS Healthcare Foundation, la plus grande organisation de lutte contre le sida.
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a déclaré que M. Guterres fera ses commentaires après la fin des “délibérations” du CCP.
L’Onusida a déclaré vendredi que M. Sidibé n’avait pas l’intention de démissionner.
“Je vais consacrer les 12 prochains mois à mettre en oeuvre ce programme de changement”, a dit le directeur exécutif après la publication du rapport.
Le rédacteur en chef de l’influente revue médicale The Lancet, Richard Horton, a qualifié cette réponse de “surréaliste”. “Le CCP et Antonio Guterres ont maintenant le devoir d’appliquer les recommandations du groupe d’enquête” et de limoger M. Sidibé, a-t-il dit.
Source: AFP