L’appel à l’insurrection contre le régime du président ivoirien Alassane Ouattara lancé de l’étranger par l’ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro n’aura “aucun impact”, a estimé jeudi un responsable du parti au pouvoir.
“Ça ne va avoir aucun impact (…) c’est un non-événement”, a déclaré Adama Bictogo, directeur exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), formation du président Ouattara, qui a été réélu le 31 octobre pour un troisième mandat controversé.
“Nous avons désormais une armée républicaine, tous ses hommes (de Guillaume Soro, ndlr) ne se reconnaissent plus en lui, il n’a plus aucune autorité sur aucune force”, a expliqué M. Bictogo.
Ancien allié du président Ouattara devenu son adversaire, Guillaume Soro a lancé mercredi sur les réseaux sociaux un appel à l’insurrection de l’armée, de l’administration et de la population, les enjoignant de “rallier le Conseil national de transition” proclamé par l’opposition, qui ne reconnait pas la réélection du chef de l’Etat.
Le gouvernement ivoirien a accusé de “sédition” les dirigeants de l’opposition et les a fait bloquer à leur domicile par les forces de l’ordre.
M. Soro, 48 ans, était le chef de la rébellion ivoirienne dans les années 2000 qui a contribué militairement à porter au pouvoir Alassane Ouattara en 2011 à l’issue de la crise née de la présidentielle, le chef de l’Etat Laurent Gbagbo refusant de reconnaître la victoire électorale de M. Ouattara.
Les analystes lui ont longtemps prêté une forte influence persistante dans l’armée et les forces de sécurité, certains le soupçonnant même d’être derrière les mutineries d’anciens rebelles ayant intégré l’armée qui ont ébranlé le régime ivoirien en 2017.
Ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, M. Soro a rompu avec M. Ouattara en 2019 et est passé à l’opposition. Sa candidature à la présidentielle avait été invalidée, alors que des analystes politiques le considéraient comme un challenger sérieux.
Guillaume Soro “vient définitivement de se mettre hors jeu”, “il sort des normes institutionnelles pour reprendre son manteau de chef rebelle, qui lui convient le mieux”, a estimé Adama Bictogo.
M. Soro a été condamné en avril à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour “recel de détournement de deniers publics”. Il fait aussi l’objet d’une procédure judiciaire et d’un mandat d’arrêt depuis début octobre pour “complot contre la sécurité de l’Etat”.
Avec l’AFP