Un dirigeant du parti du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, notamment chef du parti dans la région l’Amhara, récemment en proie à des troubles, a été assassiné jeudi, a annoncé M. Abiy lui-même dans un communiqué.
M. Abiy a attribué à des “extrémistes violents” l’assassinat de Girma Yeshitila, également l’un des 45 membres du Comité exécutif du tout-puissant Parti de la Prospérité (PP) qui gouverne l’Ethiopie.
“Ceux qui ne peuvent vaincre les idées par les idées ont pris la vie de notre frère Girma Yeshitila (…) C’est le summum de l’extrémisme que de vouloir convaincre par les armes ceux dont les idées diffèrent”, écrit M. Abiy.
Le Premier ministre a évoqué un “acte honteux et brutal, commis sur un enfant du coin par des extrémistes violents”.
M. Girma était régulièrement, sur les réseaux sociaux, la cible de nationalistes amhara qui le qualifiaient de “traître” pour sa proximité avec M. Abiy.
Selon le gouvernement régional de l’Amhara, “des forces irrégulières” ont attaqué dans l’après-midi des véhicules transportant M. Girma, ses gardes du corps et des membres de sa famille, alors qu’il se dirigeait vers Debre Birhan, importante ville de la région, située à une centaine de km au nord-est d’Addis Abeba.
“Selon nos informations, cinq personnes, dont Gima Yeshitila ont perdu la vie”, poursuivent les autorités régionales dans un communiqué, sans autre précision sur lesdites “forces irrégulières”.
La région est essentiellement peuplée par les Amhara, deuxième peuple en nombre d’Ethiopie, pays fédéral divisé par la Constitution en Etats régionaux délimités sur des bases ethno-linguistiques.
En avril, l’Amhara a été le théâtre de plusieurs jours de troubles armés déclenchés par la volonté du gouvernement fédéral de démanteler les “forces spéciales” de la région, des unités paramilitaires illégales mises en place par les autorités d’Amhara, comme par celles de plusieurs autres régions d’Ethiopie depuis une quinzaine d’années.
– colère en Amhara –
Les nationalistes amhara affirment que le but du gouvernement fédéral est de désarmer les seules “forces spéciales” amhara pour affaiblir la région, que des conflits territoriaux opposent aux régions voisines du Tigré et de l’Oromia.
La colère est d’autant plus grande dans une partie de la population amhara que les “forces spéciales” amhara et les Fano, des milices locales “d’autodéfense”, ont apporté une aide cruciale à l’armée fédérale dans le conflit qui l’a opposée à partir de novembre 2020, aux autorités du Tigré, entrées en rébellion contre Addis Abeba.
Malgré l’accord de paix signé en novembre dernier à Pretoria, “forces spéciales” amhara et Fano contrôlent toujours la partie occidentale du Tigré, qu’ils disputent aux Tigréens.
Le calme était revenu depuis une dizaine de jours en Amhara, sans qu’il soit possible de savoir si le processus de démantèlement de ces unités “spéciales” a été à son terme, le gouvernement n’autorisant pas les journalistes à se rendre sur place.
En juin 2019, le président du gouvernement régional de l’Amhara Ambachew Mekonnen – un allié de M. Abiy -, un de ses conseillers et le procureur général régional Migbaru Kebede avaient été tués dans une attaque à Bahir Dar, la capitale régionale.
Parallèlement, le chef d’état-major de l’armée fédérale général Seare Mekonnen, avait été abattu à Addis Abeba par son garde du corps alors qu’il organisait la réponse à cette attaque.
Les autorités avaient affirmé que ces deux événements étaient coordonnés, désignant comme cerveau le chef de la sécurité de l’Amhara, le général Asaminew Tsige. Ce dernier, un dur du nationalisme amhara, avait été tué dans une fusillade après une brève cavale, selon les autorités.
Source: AFP