Le Représentant spécial par intérim du Secrétaire général pour l’Afrique centrale, François Lounceny Fall, a estimé mercredi, devant le Conseil de sécurité, qu’il fallait faire preuve de « détermination », de « vigilance » et « d’unité » dans la lutte contre Boko Haram et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), qui continuent de poser des menaces sérieuses pour la sécurité régionale.
Venu présenter le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique centrale et sur les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), dont il est le Chef par intérim, M. Fall a tout d’abord évoqué les activités de Boko Haram, en avertissant que sa « capacité à semer le chaos ne devait pas être sous-estimée ».
Les efforts collectifs des pays du Bassin du Lac Tchad contre Boko Haram, a-t-il indiqué, ont abouti à des « succès militaires et sécuritaires substantiels ». La Force multinationale mixte a continué ses opérations transfrontalières et repris la plupart des territoires que contrôlait Boko Haram. Le Représentant spécial a, néanmoins, indiqué que le groupe continuait de mener d’attaques asymétriques, ciblant principalement des civils.
M. Fall a prévenu que les activités de Boko Haram fragilisaient les efforts de développement et exacerbaient les difficultés économiques des pays du Bassin du Lac Tchad. La situation des personnes déplacées demeure très préoccupante, a-t-il dit, en expliquant que les attaques récurrentes de Boko Haram empêchaient l’accès des acteurs humanitaires aux zones touchées.
Rappelant que les pays du Bassin du Lac Tchad assumaient le fardeau financier de la lutte contre Boko Haram, le Représentant spécial a souligné l’insuffisance de fonds destinés à financer les opérations de la Force multinationale mixte et les efforts humanitaires et de relèvement. Un soutien adéquat à la Force, qu’il soit financier, logistique ou en équipement, demeure crucial pour améliorer ses capacités opérationnelles et consolider les gains enregistrés, a-t-il souligné.
Le Représentant spécial a estimé que l’éradication du groupe demandera détermination et vigilance, ainsi qu’une approche holistique visant à remédier aux causes profondes de l’extrémisme violent, y compris la marginalisation et l’extrême pauvreté. « À cet égard, il y a un besoin urgent de financer les activités de relèvement et de développement dans les zones libérées, y compris en vue de réintégrer les déserteurs et leurs familles dans leurs communautés respectives », a insisté M. Fall.
Il a ainsi formé l’espoir que le Sommet commun de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se tienne sans délai supplémentaire, en vue de développer une stratégie régionale visant à remédier aux défis sécuritaire, humanitaire et de développement.
« L’Armée de résistance du Seigneur continue de menacer la sécurité régionale, notamment les populations de l’est de la République centrafricaine et du nord-est de la République démocratique du Congo », a poursuivi le Représentant spécial. M. Fall a mis l’accent sur les « indicibles souffrances » et les graves conséquences humanitaires découlant des nombreuses attaques de la LRA. « Nous devons donc demeurer unis et déterminés dans nos efforts de lutte contre la LRA », a-t-il déclaré, avant de détailler les efforts du BRENUAC visant à mettre en œuvre la stratégie régionale de l’ONU dans ce domaine.
Il a fait remarquer qu’en août dernier une équipe conjointe constituée du BRENUAC, de l’Union africaine, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) s’était rendue à Bria et à Obo, en République centrafricaine, afin d’évaluer la menace dans ces deux localités. Une mission conjointe BRENUAC-Union africaine a également visité Dungu, en République démocratique du Congo.
« Les Nations Unies demeurent préoccupées par le retrait annoncé des troupes ougandaises de la Force régionale d’intervention de l’Union africaine le 31 décembre », a-t-il dit. Le Représentant spécial a estimé que ce retrait entraînerait un vide sécuritaire dont la LRA pourrait se servir pour circuler librement et attaquer les populations des zones concernées.
M. Fall a ensuite indiqué que les incidents de piraterie dans le golfe de Guinée étaient en augmentation, avec 50 cas enregistrés à ce jour. « Malheureusement, le Centre interrégional de coordination sur la sécurité maritime n’est pas encore pleinement opérationnel », a-t-il regretté. M. Fall a toutefois salué l’adoption, le 15 octobre, de la Charte de l’Union africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement, qui vise à prévenir la criminalité nationale et transfrontalière.
Par ailleurs, le Représentant spécial a évoqué « l’extrême fragilité » de la situation en République centrafricaine et la menace que continuent de poser les groupes armés dans ce pays pour la sous-région. Le gouvernement centrafricain a fait d’importants progrès dans son engagement avec les groupes armés, aboutissant à une stratégie nationale de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement qui est soutenue par 11 des 14 principaux groupes armés, a-t-il fait observer.
Soulignant la nécessité pour la communauté internationale de fournir une assistance robuste à la République centrafricaine, M. Fall s’est félicité des contributions importantes pour le relèvement du pays formulées lors de la Conférence internationale des donateurs qui s’est tenue le mois dernier à Bruxelles.