Afrique du Sud: le précédent Mbeki, l’autre président évincé par l’ANC

L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, à Johannesburg le 5 mai 2017 | AFP/Archives | GIANLUIGI GUERCIA

La fin attendue du règne du président sud-africain Jacob Zuma, dont le parti exige la démission, ressemble, ironie de l’histoire, à celle de son prédécesseur et grand rival Thabo Mbeki, tombé dans des circonstances similaires en 2008.

En décembre 2007, M. Mbeki, qui a pris les rênes du pays à la retraite politique de Nelson Mandela en 1999, est d’abord chassé de la direction du Congrès national africain (ANC) au profit de Jacob Zuma, lors d’un congrès très tendu. Neuf mois plus tard, en septembre 2008, la commission exécutive du parti lui ordonne de quitter la présidence, sur fond de soupçons d’instrumentalisation de la justice contre M. Zuma.

La décision de l’ANC fait l’effet d’une bombe. Mais Thabo Mbeki n’a pas d’autre choix que de s’y plier et d’abréger son second mandat, qui devait expirer quelques mois plus tard courant 2009. En l’absence de scrutin direct, le chef de l’Etat sud-africain tient sa légitimité du seul parti majoritaire au Parlement qui l’élit.

En quelques mois, les partisans de Jacob Zuma ont à l’époque réussi un véritable coup de force. Depuis leur congrès de décembre 2007, ils réclament le départ de Thabo Mbeki, qu’ils accusent d’avoir orchestré une machination pour barrer à son adversaire la route de la présidence.

Dix jours après avoir ravi à Thabo Mbeki la direction de l’ANC, Jacob Zuma est inculpé pour avoir touché des pots-de-vin en marge d’un contrat d’armement impliquant l’entreprise française Thales. Mais le 12 septembre 2008, un juge annule ces poursuites, en dénonçant des ingérences politiques.

Le clan Zuma ne tarde par à s’engouffrer dans cette brèche. Quelques jours plus tard, le 20 septembre, l’ANC retire sa confiance au président en exercice, qui remet dans la foulée sa démission au Parlement.

Le 25 septembre, Thabo Mbeki est remplacé par le vice-président de l’ANC Kgalema Motlanthe, choisi par le groupe parlementaire du parti pour prendre les rênes du pays jusqu’aux élections générales de 2009. Jacob Zuma lui succèdera après ce scrutin, remporté haut la main par son parti.

Thabo Mbeki a toujours nié s’être ingéré dans les affaires de justice, assurant en avoir “toujours protégé l’intégrité”.

Clin d’oeil de l’histoire, Jacob Zuma est aujourd’hui à nouveau menacé par l’affaire qui lui a permis de destituer son prédécesseur. Le procureur général du pays doit se prononcer prochainement sur le rétablissement d’une inculpation de corruption abandonnée contre lui en 2008…

Avec l’AFP