A la tête du pays depuis un an, M. Ramaphosa a assuré que son pays était “sur la voie de la croissance et du renouveau”, après la “période d’instabilité et de perte de confiance” du règne de son sulfureux prédécesseur Jacob Zuma (2009-2018).
“Nous pouvons attester des progrès sensibles accomplis depuis l’an dernier”, s’est félicité M. Ramaphosa.
Seule annonce concrète de son discours annuel sur l’état de la nation, le chef de l’Etat a décidé de “fixer au 8 mai 2019 la date des élections” générales.
Loin des applaudissements nourris qu’il avait suscités il y a un an, M. Ramaphosa n’a recueilli cette fois que des applaudissements polis du Parlement, mais il a évité les lazzis et les esclandres promis par la gauche radicale.
Malgré ses engagements de rompre avec les pratiques de l’ère Zuma, son parti, le Congrès national africain (ANC), reste englué dans les scandales de corruption.
Ces dernières semaines, des dirigeants repentis de l’entreprise privée de sécurité Bosasa ont livré à une commission d’enquête des témoignages accablants sur les pots-de-vin versés à des ministres, élus et hauts fonctionnaires proches de l’ANC, dont certains encore en fonction.
Plus embarrassant encore, M. Ramaphosa a dû récemment reconnaître qu’il avait lui-même reçu une contribution électorale de Bosasa.
– ‘Intégrité’ –
“Ces révélations (…) sont très troublantes, car elles révèlent l’ampleur des pratiques criminelles qui mettent en péril les fondations de notre démocratie”, a-t-il concédé jeudi.
Face à une opposition sceptique mais qui s’est abstenue de tout esclandre, le chef de l’Etat a promis de “rétablir l’intégrité” des institutions et de “poursuivre” les personnes mises en cause dans les enquêtes en cours.
Fort opportunément, la police a arrêté mercredi cinq personnes soupçonnées de corruption, dans le cadre d’une enquête ouverte en… 2009.
M. Ramaphosa s’est également engagé jeudi à remettre sur pied les nombreuses entreprises publiques “sérieusement mises à mal par la mauvaise gestion et la corruption” sous le règne de son prédécesseur.
Il a notamment promis un plan de sauvetage du géant public de l’électricité Eskom, qui affiche une dette abyssale de 419 milliards de rands (plus de 27 milliards d’euros).
“Eskom est en crise et fait peser un grand risque sur toute l’Afrique du Sud”, a dit Cyril Ramaphosa, “nous voulons que nos entreprises d’Etat soient en mesure de remplir leur rôle pour le développement de l’économie”.
Le chef de l’Etat s’est également longuement attardé sur ses efforts pour sortir le pays de l’ornière économique.
La croissance de la première puissance industrielle du continent africain continue à patiner – 1,8% de croissance anticipé pour 2018 – et son taux de chômage reste endémique (27,5%).
– Emplois –
“Nous avons presque doublé le nombre d’emplois que nous créons chaque année”, a tenté de rassurer M. Ramaphosa, annonçant aussi une forte hausse des investissements étrangers.
Hasard du calendrier, le groupe français Total a annoncé jeudi matin la découverte d’un “important” gisement d’hydrocarbures au large des côtes sud de l’Afrique du Sud. “Ca change la donne”, s’est réjoui le chef de l’Etat.
L’opposition a, sans surprise, sévèrement jugé son discours et son bilan depuis un an.
“Un beau discours mais ce que nous voulons, c’est que tout le monde ait un emploi”, a réagi le chef de l’Alliance démocratique (DA), Mmusi Maimane, “il n’a rien dit pour nous assurer que les corrompus iraient en prison”.
M. Ramaphosa a conclu son discours en incitant ses concitoyens à retrouver l’optimisme qui s’était emparé du pays au moment de la chute de l’apartheid et des premières élections libres, il y a tout juste un quart de siècle.
“A certains moments, la vague de bonté humaine qui nous a permis de nous réconcilier en 1994 semble avoir disparu. Mais nous ne cèderons pas au pessimisme et au défaitisme”, a-t-il lancé, “la tâche qui nous attend est considérable”.
Malgré sa baisse de popularité, l’ANC part largement favori des prochaines élections.
Au pouvoir depuis 1994, le parti de feu Nelson Mandela devrait conserver sa majorité absolue au Parlement et M. Ramaphosa son mandat de président, selon les plus récents sondages. En Afrique du Sud, le chef de l’Etat est élu par les députés.
Source: AFP