Les autorités congolaises ont annoncé jeudi la mise en place d’une commission d’enquête censée élucider les circonstances de l’attaque nocturne ayant visé la veille la grande prison de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.
“C’est quelque chose qui a été programmé (…) une commission d’enquête” a été mise en place, a déclaré à la télévision publique le ministre de la Justice congolais Alexis Thambwe Mwamba, à l’issue d’une visite de la prison de Makala.
Mercredi, des détenus, dont le nombre officiel reste encore indéterminé, mais qui seraient des milliers selon diverses sources, s’étaient évadés de cette grande prison de Kinshasa après une attaque. Jeudi, les autorités n’avaient toujours pas donné de chiffres officiels.
Les “dégâts sont importants, mais les dossiers [des détenus] sont intacts”, a précisé Alexis Thambwe Mwamba qui était accompagné du procureur général de la République et du chef de la police de Kinshasa lors de sa visite.
Plus tôt, la police congolaise avait appelé la population de Kinshasa à dénoncer la présence éventuelle dans leur voisinage de détenus évadés.
La police “demande à la population kinoise de dénoncer la présence des personnes évadées de la prison centrale de Makala”, située dans le centre de la capitale, indiquait un communiqué du commissariat de police de la ville province de Kinshasa. Cette demande en “va de notre sécurité”, ajoutait ce document qui donnait plusieurs numéros de téléphone à contacter.
Le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a accusé les adeptes de Bundu Dia Kongo (BDK, “Royaume du Kongo” en kikongo), un mouvement politico-religieux sécessionniste d’être les auteurs de l’attaque. Selon lui, les assaillants sont parvenus à faire “évader une cinquantaine de prisonniers dont leur gourou, Ne Muanda Nsemi”.
Outre le chef de BDK, “plusieurs prisonniers dangereux et auteurs de crimes crapuleux se sont volatilisés dans la nature”, indiquait mercredi la police.
Député de Kinshasa, Ne Muanda Nsemi est accusé d’une série d’attaques contre des symboles et des représentants de l’État en janvier et février 2016.
Il a été arrêté début mars après deux semaines de siège de sa résidence à Kinshasa.
Ne Muanda Nsemi avait appelé auparavant à un soulèvement contre le président Joseph Kabila après une tentative avortée de rapprochement avec le chef de l’État, fin 2016.
Son évasion a eu lieu à une date symbolique : le 17 mai, jour marquant cette année le vingtième anniversaire de la chute du dictateur Mobutu Sese Seko et l’avènement du chef rebelle Laurent-Désiré Kabila, père de Joseph.
Bundu Dia Kongo prône la restauration du royaume Kongo, qui a connu son apogée au XVIe siècle et dont l’autorité s’étendait sur l’actuel Kongo-central et des territoires aujourd’hui en Angola, au Congo-Brazzaville et au Gabon.
En 2008, la secte avait été visée par une violente opération militaire, après avoir mené une série d’attaques contre des agents de l’État et avoir appelé la population locale à chasser de la province les “non-originaires”.
Source: AFP