Selon les organisateurs, Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) de l’ancien président Thomas Boni Yayi et l’Union sociale libérale (USL) de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon, près de 20.000 manifestants ont pris part à la marche dans la capitale économique béninoise.
“Abrogation des lois scélérates” ou “Sauver la démocratie béninoise en danger”, clamaient des pancartes brandies par la foule rassemblant des responsables politiques et syndicaux, des femmes, des étudiants et des commerçants, qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir.
Le président Talon, élu en mars 2016, est régulièrement accusé de dérive autoritaire. Plusieurs opposants ont fait l’objet de poursuites judiciaires ces derniers mois dans le cadre d’une lutte contre la corruption qualifiée de chasse aux sorcières par ses détracteurs.
La dernière crise en date concerne les élections législatives prévues le 28 avril, et dont l’opposition a été exclue par la Commission électorale nationale (Cena).
Plus de cinq millions d’électeurs béninois sont attendus aux urnes le 28 avril pour renouveler les 83 sièges de l’Assemblée nationale.
Or, la Cena a estimé la semaine dernière que seuls deux partis membres de la mouvance présidentielle avaient rempli les conditions requises par le nouveau code électoral – adopté l’an dernier et durcissant les régles régissant les partis politiques – pour pouvoir présenter des listes, excluant de facto toute l’opposition.
Face au tollé déclenché dans le pays, le président Talon, a reçu dans la foulée les représentants de plusieurs partis et proposé de s’en remettre au Parlement pour “sortir de l’impasse”, mais l’opposition a boycotté la rencontre.
“Le peuple est sorti massivement dans la rue parce qu’il veut dire au président qu’il en a ras-le-bol”, a affirmé Donklam Abalo, un cadre de l’USL.
“La classe politique doit se réunir pour décider comment on va s’arrange pour que tout le monde aille aux élections et laisser le peuple s’exprimer pour choisir librement ses représentants”.
Pour Eric Houndété, vice-président du Parlement présent lors de la manifestation, “il n’y aura pas d’élection sans l’opposition”.
Victor Topanou, ancien ministre de la Justice sous le président Boni Yayi a dénoncé lui aussi “un rouleau compresseur qui a atteint son summum” avec l’exclusion de l’opposition aux législatives.
“Depuis trois ans, on a le sentiment d’une violation presque constante des libertés individuelles et collectives” par le régime Talon, a déploré l’ancien ministre, qui disait “participer pour la première fois à une marche” dans le pays.
Avec l’AFP