Burundi: Dix-Sept Collégiens en prison pour avoir abîmé des photos du président

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Le président burundais Pierre Nkurunziza. © AFP PHOTO / FRANCOIS GUILLOT

Au moins 17 élèves de 16 à 25 ans, accusés d’avoir abîmé des photos du président Pierre Nkurunziza, sont en prison au Burundi, certains depuis plus d’un mois, en attendant leur procès pour outrage au chef d’état, a appris vendredi l’AFP auprès d’une association d’aide à l’enfance.

« Aujourd’hui, nous avons malheureusement encore quelque 17 élèves de collèges et lycées qui sont incarcérés dans plusieurs prisons à travers le pays, pour des gribouillages (sur) des photos du président dans des manuels scolaires », a annoncé à l’AFP Jacques Nshimirimana, président du Fenadeb, qui regroupe 48 organisations de la société civile engagées auprès de l’enfance.

Burundi: Dix-Sept Collégiens en prison pour avoir abîmé des photos du président
AFP/Archives | STRINGER

Sept de ces élèves des classes de 8e à la 10e sont détenus à la prison de Muramvya (centre), six dans la prison de Rumonge (sud) et quatre dans celle de Muyinga (est), selon la même source.

Au plus fort de la crise liée à ces gribouillages, « on a eu autour de 44 élèves qui étaient en prison », a-t-il poursuivi.

« Nous leur avons donné des avocats, on a plaidé pour eux et montré que ce n’était pas les vrais auteurs de ces gribouillages car il n’y avait pas de preuves contre eux », a expliqué l’activiste burundais.

Recensés pour la première fois dans le sud de Bujumbura fin mai, ces détournements de la photo du président s’étaient répandus très rapidement à travers les écoles de tout le pays. Dans certains livres, les yeux du président avaient été troués. Dans d’autres, sa photo avait été gribouillée, ou des propos insultants à son égard avaient été inscrits.

Des centaines d’élèves avaient été provisoirement exclus de leurs écoles alors que des milliers d’autres avaient été sommés de payer pour remplacer les manuels abîmés.

A Muramvya, un passant avait été tué et deux collégiens blessés par les balles de la police alors qu’ils manifestaient pour la libération de leurs camarades.

« Toutes les ONG sont d’accord pour dire que gribouiller la photo du président est un délit punissable par la loi » mais, a estimé le président du Fenadeb, « la prison pour ces élèves est disproportionnée ». D’autant qu’il est « quasiment impossible » de prouver qui est l’auteur de ce délit car chaque livre est partagé par une dizaine d’élèves.

Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d’être réélu en juillet. Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.

AFP