A l’occasion d’un débat au Conseil de sécurité sur la prévention des conflits et la pérennisation de la paix, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a estimé mardi que l’Organisation devait faire de la prévention sa priorité, soulignant que trop de temps et de ressources sont dépensés pour répondre aux crises au lieu de les prévenir.
« La prévention n’est pas seulement une priorité, c’est la priorité. Si nous sommes à la hauteur de nos responsabilités, nous sauverons des vies, réduirons les souffrances et donnerons de l’espoir à des millions de personnes », a dit M. Guterres lors de sa première intervention en tant que chef de l’ONU devant les membres du Conseil.
« Nous consacrons beaucoup plus de temps et de ressources à répondre aux crises plutôt qu’à les prévenir. Les gens en paient un prix trop élevé. Les États membres aussi. Nous avons besoin d’une complète nouvelle stratégie », a-t-il ajouté.
Selon lui, il s’avère difficile de persuader les décideurs aux niveaux national et international de faire de la prévention leur priorité. « C’est peut-être parce qu’une prévention réussie n’attire pas l’attention. Les caméras de télévision ne sont pas là quand une crise est évitée », a-t-il souligné.
Face à cette situation, Antonio Guterres a précisé qu’il allait mettre en œuvre des réformes pour remédier à la réponse de l’ONU qui est trop fragmentée.
« J’ai commencé avec les processus de prise de décision au sein du Secrétariat. Le nouveau Comité exécutif renforcera notre capacité d’intégrer tous les piliers de l’ONU dans le cadre d’une vision d’action commune », a-t-il précisé, ajoutant qu’il avait aussi créé un poste de haut conseiller, dont la tâche principale consistera à cartographier les capacités de prévention du système des Nations Unies et à les regrouper dans une plate-forme intégrée de détection et d’action précoce.
M. Guterres a estimé que le soutien du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations Unies était nécessaire pour mettre en œuvre cette stratégie, notant que « le principal travail de prévention des conflits incombe aux États membres ».
Le chef de l’ONU a indiqué également qu’il allait lancer une initiative pour renforcer la capacité de médiation de l’Organisation, au siège et sur le terrain, et pour renforcer les efforts de médiation aux niveaux régional et national.
« Trop de possibilités de prévention ont été gâchées parce que les États membres se méfiaient des motivations des uns et des autres et en raison des préoccupations concernant la souveraineté nationale. Ces préoccupations sont compréhensibles, dans un monde où le pouvoir est inégal et les principes ont parfois été appliqués sélectivement », a-t-il ajouté. « En prenant des mesures préventives, nous devons éviter une politique de deux poids, deux mesures. Mais cela ne signifie pas qu’il ne doit pas y avoir de normes du tout. L’action préventive est essentielle pour éviter les atrocités de masse ou les graves violations des droits de l’homme ».