La salle de l’Assemblée générale des Nations Unies lors de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris sur le climat.
22 avril 2016 – En présence des représentants de plus de 171 pays, venus signer au siège de l’ONU, à New York, l’accord historique sur le climat conclu à Paris en décembre dernier, le Secrétaire général de l’Organisation, Ban Ki-moon, a salué vendredi les Etats membres pour leur participation record à cette cérémonie de signature et les a exhortés à agir rapidement pour ratifier l’Accord de Paris au niveau national.
« En décembre dernier à Paris, la communauté internationale a adopté le premier accord universel sur le climat. Chaque pays s’est engagé à réduire ses émissions et à renforcer sa résilience face aux effets potentiellement dévastateurs des changements climatiques », a déclaré M. Ban dans son discours d’ouverture de la cérémonie de signature, dans l’enceinte de l’Assemblée générale des Nations Unies.
« Aujourd’hui, au moins 171 pays se retrouvent ici à New York pour signer l’Accord de Paris», s’est-il félicité.
L’Accord de Paris a été conclu le 12 décembre 2015 dans la capitale française, lors de la 21ème Conférence des Etats parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements Climatiques (CCNUCC), dite COP21. Dans le cadre de cet accord historique, les 196 Etats parties à la Convention-cadre se sont engagés à prendre des mesures pour maintenir l’élévation de la température mondiale en dessous de 2 degrés Celsius d’ici la fin du siècle.
« C’est un moment d’histoire. Jamais auparavant un aussi grand nombre de pays n’avait signé un accord international en une seule journée », a poursuivi le chef de l’ONU.
Le Secrétaire général a félicité tous les pays venus signer l’Accord dans la matinée, saluant tout particulièrement les 15 Etats qui vont également déposer dans la journée leurs instruments de ratification, à savoir la Barbade, le Belize, les Fidji, la Grenade, les Maldives, les Îles Marshall, Les Iles Maurice, Nauru, les Palaos, l’État de Palestine, La Fédération de Saint Christophe-et- Niéves, Sainte-Lucie, le Samoa, la Somalie et Tuvalu.
« Nous battons des records dans cette salle – ce qui est une bonne nouvelle. Mais des records sont également battus à l’extérieur. Températures mondiales record. Fonte des glaces record. Niveaux record de carbone dans l’atmosphère. Nous sommes engagés dans une course contre la montre », a averti le Secrétaire général, soulignant que la fenêtre de tir qui permettrait de maintenir la hausse de la température globale en dessous de 2 degrés Celsius, voire de 1,5 degré, est en train de se fermer rapidement.
« J’exhorte tous les pays à agir rapidement pour adhérer à l’Accord au niveau national afin que l’Accord de Paris puisse entrer en vigueur dès que possible », a-t-il dit.
Le Secrétaire général a déclaré que l’ère de la consommation sans limites est terminée et que les Etats doivent désormais redoubler d’efforts pour « décarboner notre économie ».
Pour cela, a-t-il insisté, la communauté internationale doit aider les pays en développement à faire cette transition.
« Les plus pauvres et les plus vulnérables ne doivent pas faire les frais d’un problème qu’ils n’ont pas créé », a-t-il déclaré, appelant à ne pas oublier que l’action climatique n’est pas un fardeau et offre de nombreux avantages.
Elle peut notamment aider à éliminer la pauvreté, créer des emplois verts, prévenir l’instabilité et améliorer la vie des filles et des femmes, a-t-il dit. Elle est également indispensable pour atteindre les objectifs de développement durable.
Le Secrétaire général a par ailleurs appelé à ce que ce pacte ne soit pas un simple catalogue de promesses.
« Il doit se traduire dans les actes que nous accomplissons aujourd’hui pour le compte de la jeune génération actuelle et de toutes celles qui la suivront, des actes qui réduisent le risque climatique et protègent les communautés, des actes qui nous engagent dans une voie plus sûre et plus intelligente », a-t-il insisté.
« Aujourd’hui est une journée pour nos enfants, nos petits-enfants et toutes les générations à venir », a déclaré M. Ban, précisant que, dans le cadre de la cérémonie, les représentants des Etats seront rejoints par 197 enfants représentant les parties qui ont conclu l’Accord de Paris.
« Comme vous le démontrez par votre geste même de signature aujourd’hui, le pouvoir de construire un monde meilleur est entre vos mains », a salué le Secrétaire général.
Participant à la cérémonie à la fois en tant que Président de la France, pays hôte de la COP 21, François Hollande, a de son côté souligné les intenses négociations qui ont donné lieu à la conclusion l’Accord de Paris.
« Rien n’était joué, et, jusqu’à la dernière minute, il a fallu vaincre les scepticismes, les interrogations et les doutes pour être capables tous ensemble de porter une ambition pour l’humanité et les générations à venir », a-t-il déclaré.
M. Hollande a également insisté sur la signification historique de cet accord.
« Nous avons tous vécu un moment d’émotion comme il y en a peu dans la vie d’un dirigeant politique », a reconnu M. Hollande, rappelant que l’élan de solidarité manifesté lors de la COP 21 a eu lieu un mois seulement après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, revendiqués par Daech.
Le Président français a toutefois insisté sur la nécessité d’aller plus loin que les promesses qui ont été faites dans le cadre de l’Accord, rappelant notamment que ces derniers mois ont été les plus chauds de ces 100 dernières années.
« Il faut aller plus vite, encore plus vite, car le temps presse », a insisté M. Hollande. « Le monde entier doit prendre conscience de ce qu’il s’est passé à Paris, qui se prolonge à New York et va se passer dans les parlements », a-t-il dit.
Egalement présent à la cérémonie, l’acteur américain Leonardo DiCaprio a rappelé dans son discours les ravages causés par le changement climatique, ravages qu’il a pu constater par lui-même dans le cadre de ces nombreux déplacements, en tant que Messager de la paix des Nations Unies.
« J’ai vu des villes comme Pékin étouffées par la pollution industrielle. Les forêts boréales anciennes du Canada devenues clairsemées et les forêts tropicales d’Indonésie incendiées. En Inde, j’ai rencontré des agriculteurs dont les cultures avaient littéralement été emportées par des inondations historiques. En Amérique, j’ai vu des sécheresses sans précédent en Californie, et l’élévation du niveau de la mer inonder les rues de Miami. Au Groenland et dans l’Arctique, j’ai été étonné de voir que les anciens glaciers disparaissent encore plus rapidement que les prévisions scientifiques ne le présageaient. Tout ce que je l’ai vu et appris durant ce voyage m’a terrifié », a déclaré M. DiCaprio.
Le Messager de la paix a aussi rappelé qu’il ne fait aucun doute, dans l’esprit de la communauté scientifique mondiale, que ces catastrophes sont le résultat direct de l’activité humaine et que les effets du changement climatique ne feront qu’empirer dans l’avenir.
S’adressant aux signataires de l’Accord de Paris, l’acteur américain les a appelés à aller au-delà même des engagements définis dans ce traité.
« Vous êtes le dernier espoir de la Terre. Nous vous demandons de la protéger, sans quoi nous – et tous les êtres vivants que nous chérissons – faisons partie du passé », a déclaré M. DiCaprio.