Vendredi soir, à la clôture d’une campagne électorale calme, l’ONU a appelé « tous les acteurs impliqués dans le processus électoral (…) à ne ménager aucun effort afin de garantir la tenue d’un scrutin électoral dans une atmosphère apaisée et exempte de toute violence » alors que pouvoir et opposition commencent à se renvoyer la responsabilité de possibles troubles post-scrutin.
Depuis l’annonce de sa candidature en février, le général a été entendu à plusieurs reprises par la Direction générale de surveillance du territoire (DGST) en rapport avec une vidéo apparue sur internet semblant le mettre en cause dans une apparente tentative de coup d’Etat.
Cette nouvelle convocation, semblable à celles qu’il a reçues précédemment, invite le général Mokoko, qui était jusqu’en février conseiller du président Denis Sassou Nguesso pour les affaires de paix et de sécurité, à se présenter au cabinet du chef de la DGST « dès réception (…) pour une affaire le concernant ».
Une source à la DGST a confirmé l’authenticité du document présenté par le général à l’AFP. Interrogé à son domicile, le candidat a déclaré qu’il n’avait nullement l’intention de répondre à cette convocation avant la proclamation des résultats du vote.
« C’est inélégant de la part de ceux qui m’ont convoqué aujourd’hui. On veut faire pression sur moi, je crois qu’il est trop tard », a-t-il ajouté, craignant un piège destiné à lui « présenter un mandat d’amener ou je ne sais pas quoi pour être embastillé ».
– ‘ONCTION POPULAIRE’ –
Vendredi, le général avait estimé avoir reçu « l’onction populaire » et qu’il avait « le droit d’espérer gagner les élections ».
Interrogé sur une éventuelle arrestation s’il sortait de chez lui, le général a répondu : « Ils sont capables de tout. C’est un pays sans foi ni loi ».
Tournée en 2007, la vidéo au coeur de l’affaire Mokoko montre le général discuter d’un plan visant à chasser M. Sassou Nguesso du pouvoir avec un homme dont on ne voit pas le visage et se présentant comme appartenant à la DGSE, le service de renseignement extérieur de la France.
« Je me suis fait piéger », reconnaît l’officier, « j’ai été un peu naïf d’avoir une discussion à bâtons rompus avec ces gens. Il y a eu cet échange malheureux, mais (personne ne) prendrait au sérieux » un tel document comme pièce à conviction, ajoute-t-il, notant qu’il n’y a jamais eu de coup d’Etat, et affirmant que le président Sassou Nguesso était au courant de l’existence de cette vidéo et que la question avait été réglée « en famille » en 2012.
M. Sassou Nguesso, qui cumule 32 ans de pouvoir à la tête du Congo, brigue dimanche un nouveau mandat présidentiel face à huit candidats. Sa candidature a été rendue possible par un changement de Constitution qualifié de « coup d’Etat constitutionnel » par l’opposition.
La nouvelle loi fondamentale a fait sauter les deux verrous qui lui interdisaient de se présenter.
M. Mokoko et quatre autres candidats d’opposition estiment que la présidentielle de dimanche n’est pas « sincère », qu’elle risque d’être marquée par des fraudes et appelle le peuple congolais à « exercer sa souveraineté » en cas de tricherie.
« Notre démocratie n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui », répond en face Thierry Moungalla, porte-parole du gouvernement accusant l’opposition d’appeler à l’ »insurrection ».