L’ex-Première dame ivoirienne, Simone Gbagbo, sera jugée à partir du 31 mai à Abidjan pour crimes contre l’humanité lors de la crise postélectorale de 2010-2011, a-t-on appris lundi lors de l’ouverture de la session d’assises.
Simone Gbagbo, épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo et actuellement incarcérée à Abidjan, était présente au tribunal ce lundi, a constaté un journaliste de l’AFP.
Cheveux grisonnants et rasés court, robe marron, Mme Gbagbo, seule accusée non menottée des 13 accusés devant comparaître pendant la session, a été acclamée à son arrivée dans la salle par ses partisans. Souriante, elle les a salués de la main en gagnant sa place dans le box. A la fin de l’audience, elle a même embrassé de nombreux visiteurs, mais refusé de s’exprimer devant la presse.
Protagoniste majeure de la crise, l’ancienne “Dame de fer” à la personnalité controversée, a déjà été condamnée à Abidjan en mars 2015 à 20 ans de prison, notamment pour “attentat contre l’autorité de l’Etat”.
Elle est également poursuivie pour “crimes contre l’humanité” par la Cour pénale internationale (CPI) à la Haye, où le procès s’est d’ailleurs rouvert lundi. Mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye, affirmant être en mesure d’assurer une justice exemplaire sur le sol ivoirien.
Lors de l’audience de lundi à Abidjan, les avocats de Simone Gbagbo ont dénoncé la composition du jury.
“La liste des jurés est composée à 95% de personnes issues du Nord ou Malinkés (Mandingues) alors que Mme Gbagbo est poursuivie pour avoir fait tuer des gens issus du Nord. Si on nous dit que ça ne pose pas problème, je dis +non+”, a réagi auprès de la presse l’avocat de Mme Gbagbo, Me Ange Rodrigue Dadje, qui a fait état de “pressions” sur les jurés.
“C’est un procès politique. L’instruction a été complètement bâclée (…) Le pouvoir ivoirien veut que Mme Gbagbo soit condamnée, cette cour qui a été choisie sur mesure ne fera que (la) condamner”, a-t-il poursuivi.
Lundi, les partisans de Mme Gbagbo ont montré ouvertement leur réprobation pendant la lecture de la liste des jurés, secouant la tête, levant les bras de dépit ou protestant avec des “encore” bruyants à l’énoncé de certains patronymes nordistes, a constaté l’AFP.
“C’est une dame de fer. Elle a été la Première dame, c’est normal qu’elle ait ses partisans”, a estimé de son côté Me Coulibaly Soungalo, avocat des parties civiles, qui réclame “une justice pour les victimes qui ont longtemps souffert”.
“Pour la Côte d’Ivoire, pour la réconciliation (…) il faut que les victimes sachent qu’il y a un jugement qui a permis de condamner des personnes qui ont commis des crimes”, a-t-il souligné, ajoutant: “après, si l’Etat trouve dans le cadre de la réconciliation nationale que c’est nécessaire d’accorder des mesures de grâce…”.
La crise postélectorale en Côte d’Ivoire est née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de novembre 2010. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
AFP