Le Camerounais Patrick Ekeng (au sol) après un malaise lors du match entre son équipe, le Dinamo Bucarest, et le Viitorul Constanta, le 6 mai 2016 à Bucarest.
La mort de l’international Patrick Ekeng sur un terrain en Roumanie vendredi soir a replongé le football camerounais dans le deuil, treize ans après la tragédie qui avait frappé Marc-Vivien Foé.
“Les tristes images de ce drame m’en rappellent un autre: celui du 26 juin 2003 à Gerland”, a écrit sur sa page Facebook la grande star des Lions Indomptables des quinze dernières années, Samuel Eto’o, dans une allusion à Marc-Vivien Foé, qui s’était effondré sur la pelouse de Lyon lors d’une demi-finale de la Coupe des Confédérations contre la Colombie.
“Comme un record battu de tristesse et de tragédie, Patrick Ekeng nous a quittés, frappé par la mort”, a ajouté Eto’o, qui est “complètement effondré et abattu”.
Ekeng s’est effondré à 26 ans sur le terrain sept minutes après son entrée en jeu pour le Dinamo Bucarest, qui affrontait le Viitorul Constanta, vendredi en Championnat de Roumanie. Il n’a pu être réanimé. Il est décédé dans la nuit.
Samedi, le parquet de Bucarest a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de sa mort, sur fond de critiques concernant la prise en charge médicale du joueur et le retard de l’ambulance. Une autopsie médico-légale, visant à déterminer les causes du décès, aura lieu lundi.
“Les mots me manquent pour exprimer ma tristesse. Nous sommes consternés”, a réagi auprès de l’AFP le président de la Fédération camerounaise (Fécafoot) Tombi A Roko Sidiki, après le décès.
Le Cameroun perd encore “un jeune footballeur prometteur, a ajouté M. Tombi A Roko, nous pensions que nous pouvions compter sur lui pour remporter la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) de 2019 (organisée au Cameroun)”.
La football roumain aussi est endeuillé, et la Fédération roumaine de football (FRF) a annoncé le report de tous les matches du week-end et de la finale de la Coupe de Roumanie, que devait disputer le Dinamo Bucarest contre le CFR Cluj, le 10 mai. Elle a été reportée au 17 mai.
-“Un cauchemar”-
“Je n’arrive pas à y croire, a réagi Ionel Danciulescu, directeur général du Dinamo. C’est un cauchemar. Pour moi, pour l’équipe et pour tous les supporteurs du Dinamo. C’est trop.”
“C’est comme si on était maudit”, a-t-il ajouté. La mort d’Ekeng rappelle le décès d’un autre joueur du club, Catalin Haldan, en octobre 2000 à Oltenita (sud), au cours d’un match amical contre l’équipe locale de Santierul Naval.
Parti du Canon Yaoundé, ex-géant d’Afrique, Ekeng était arrivé en janvier au Dinamo, après quelques saisons en France, notamment au Mans, également effondré par son décès.
Sans club en début de saison, il était revenu s’entraîner durant plusieurs semaines au Mans avec le groupe de l’entraîneur Richard Déziré évoluant en CFA 2 (5e division).
“Pat’ était encore avec nous en début de saison”, a raconté à l’AFP Grégory Cerdan, défenseur au Mans FC. “Il avait toujours le sourire, 26 ans, ce n’est pas un âge pour mourir. C’est incompréhensible. Je suis triste et choqué”, a-t-il ajouté.
Morgan Sanson, désormais à Montpellier (L1), a aussi croisé Ekeng au Mans. “C’était vraiment quelqu’un de bien et un bon joueur. Une mort comme ça, dans un match, ça nous marque forcément. Alors, quand il s’agit d’un ancien coéquipier, c’est encore pire”, a témoigné l’international espoir français.
-“Un Lion ne meurt pas, il dort”-
Fan de lecture, notamment de Dan Brown, marié et père d’une fille de deux ans, Patrick Ekeng a évolué entre 2009 et 2013 au Mans (35 matchs de Ligue 2 et 25 en CFA), avec un prêt à Rodez. Il avait rejoint Lausanne-Sport en Suisse en 2013, puis Cordoue en 2014, tout juste promu en Liga espagnole.
Sa mort a rappelé au monde du football dans son ensemble les tragédies des années passées, qui “se multiplient hélas, a regretté le président de la Fécafoot. La Fifa (fédération internationale) est en train de prendre des dispositions. Nous espérons (qu’elles) contribueront à réduire ce genre d’accidents.”
Le dernier cas de mort d’un joueur de football professionnel des suites d’un malaise cardiaque, remonte au 30 avril 2015 avec la disparition de Grégory Mertens, défenseur de Lokeren (1ere div. belge), décédé trois jours après une crise cardiaque sur le terrain.
Auparavant, l’Italien Piemario Morosini avait perdu la vie le 14 avril 2012, victime d’un arrêt cardiaque lors d’un match Pescara-Pérouse.
Le Lion Indomptable Patrick Ekeng a rejoint Foé, rappelant à Samuel Eto’o le mantra de l’époque: “Un Lion ne meurt pas, il dort”. “Le football avait encore besoin de toi, mais la vie en a décidé autrement. Repose en paix jeune frère!” a conclu Eto’o.
AFP