Le commissaire européen Janez Lenarcic a appelé mardi à Addis Abeba le gouvernement éthiopien à lever “sans délai” les restrictions pesant sur la région du Tigré, notamment sur la fourniture de carburant dont la pénurie handicape la distribution d’aide humanitaire.
A Mekele, la capitale régionale où il s’est rendu mardi, M. Lenarcic, commissaire chargé de la gestion des crises, a constaté une “amélioration dans l’acheminement de l’aide humanitaire” vers le Tigré, dont le gouvernement éthiopien a autorisé début avril, après trois mois d’interruption et dans la foulée de l’annonce d’une trêve, la reprise du transport par la route.
Mais “il faut faire plus”, a-t-il ajouté: “Nous sommes dans une situation où les entrepôts de Mekele sont pleins (de nourriture) mais où les gens des campagnes ont toujours faim” car le manque de carburant – dont le gouvernement n’autorise qu’une quantité limitée à être acheminée vers le Tigré – empêche la distribution hors de la ville.
“Tout en nous réjouissant de l’amélioration réelle sur place, nous continuons d’insister sur les mesures additionnelles qui doivent être prises et permettront in fine la normalisation totale des relations entre l’UE et l’Ethiopie, ce que nous souhaitons”, a-t-il déclaré.
L’UE a suspendu en décembre 2020, un mois après le début du conflit, une aide budgétaire de 90 millions d’euros à l’Ethiopie.
“Il faut lever les restrictions, particulièrement sur la fourniture de carburant (…) plus de carburant est nécessaire, car sans carburant l’aide alimentaire qui arrive à Mekele ne peut atteindre les zones rurales, là où il y en a le plus besoin”, et les hôpitaux de la région, privée d’électricité, ne peuvent faire tourner leurs générateurs.
Electricité, services bancaires et télécommunications devraient aussi “être rétablis sans délai (…) car l’absence de ces services aggrave la situation humanitaire dans la région”, a-t-il réclamé.
“La crainte qu’ils soient détournés (à des fins militaires, ndlr) ne doit pas être une excuse pour maintenir le blocus sur la fourniture de carburant ou des services de base”, a-t-il estimé, assurant que des mécanismes de surveillance pouvaient être mis en place.
“Je ne comprends pas le raisonnement derrière le maintien du blocus sur les services bancaires, l’électricité ou les télécommunications”, particulièrement depuis l’annonce de la trêve, globalement respectée, a-t-il insisté.
Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020 quand Abiy Ahmed y a envoyé l’armée fédérale en déloger les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) – qui contestaient son autorité – accusant les forces régionales d’avoir attaqué des bases de l’armée fédérale sur place.
Mi-juin, M. Abiy s’est dit pour la première fois ouvert à des négociations avec le TPLF, qui a repris depuis une contre-offensive courant 2021 le contrôle de l’essentiel du Tigré.
Source: AFP