Les travaux du 19e forum de Bamako ont pris fin à l’hôtel Azalaï Salam au Mali avec en toiles de fond, des recommandations qui serviront de base dans la lutte contre l’immigration. Lors des trois jours qu’a duré cette rencontre annuelle, les participants ont identifié une kyrielle de stratégies dont la mise en œuvre pourrait permettre de combattre le phénomène.
Par Iréné Herman
Parlant d’immigration, l’idéologie prédomine sur la science, selon la synthèse des différents débats du forum de Bamako. Elle évoque un certain nombre d’idées fausses véhiculées sur la question, notamment sa liaison supposée liaison avec la criminalité, le marché de l’emploi, le terrorisme et la hausse des coûts des prestations en Europe. Une situation qu’aucune analyse scientifique ne peut étayer, selon le professeur Alioune Sall, directeur exécutif de l’institut des futurs africains. Pour lui, ces idées fausses cachent d’autres réalités, en particulier le fait que la migration contribue à hauteur de 10% au PIB mondial, alors que les migrants ne constituent que 3% de la population. A cela s’ajoute le fait que l’Europe n’est pas la première destination pour l’Afrique. Il indique cependant que les migrations des populations africaines, pour l’essentiel, sont des migrations intra-africaines. Les migrants irréguliers ne constituent de ce fait qu’une infime partie des 15% qui immigrent vers l’Europe. Les discussions de Bamako ont permis aux participants de rétablir la vérité sur les faits.
L’Etat est une réalité parce qu’il existe des citoyens. De ce fait, renchérit le philosophe Sall, il lui incombe la responsabilité de repenser une sécurité qui doit être axée sur la citoyenneté.
Les recommandations adoptées à l’issue des travaux du forum ont été remises au président malien Ibrahim Boubacar Keïta qui a pour mission, non seulement de les partager avec ses homologues de la sous-région, mais aussi contribuer à leur mise en œuvre en vue de réduire, voir éradiquer l’immigration des jeunes.