La Première ministre britannique Theresa May a signé mercredi deux accords avec le Nigeria, lors de la deuxième étape de sa tournée en Afrique, continent où la Grande-Bretagne ambitionne de devenir le premier investisseur occidental pour compenser les pertes économiques attendues du Brexit.
Theresa May a rencontré le président Muhammadu Buhari à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, avant de signer deux accords d’entente, sécuritaire et commercial, a révélé le ministre nigérian des affaires étrangères.
Ni Mme May, ni le président Buhari n’ont fait de déclarations publiques à l’issue de leur rencontre et l’accès à la presse a été extrêmement restreint au cours de cette étape en Afrique de l’Ouest.
Sur le plan sécuritaire, l’accord prévoit “non seulement une formation militaire (pour l’armée nigériane), mais aussi un soutien pour le respect des droits de l’Homme, et une coopération étroite entre nos deux pays”, a expliqué Geoffrey Onyeama à la Villa présidentielle.
L’accord économique a été signé “dans le contexte du Brexit, alors que la Grande-Bretagne sort de l’Union Européenne”, a rappelé le ministre nigérian. “Ils se sentent plus libres désormais de s’engager avec des pays à un niveau bilatéral et de sceller des accords commerciaux avec eux”, a souligné M. Onyeama, sans dévoiler le montant de l’enveloppe d’investissements prévus au Nigeria.
Mardi, lors d’une première étape en Afrique du Sud, Mme May a annoncé vouloir fonder “un nouveau partenariat” avec l’Afrique, continent où aucun Premier Ministre britannique ne s’était rendu depuis 2013.
“Les échanges commerciaux entre le Nigeria et la Grande-Bretagne s’élevaient à 4,2 milliards de livres (4,6 milliards d’euros) en 2017”, notait lundi une diplomate, Laure Beaufils, au consulat de Lagos lors d’une conférence de presse.
“Nous projetons de plus que doubler ce chiffre d’ici à 2030”, a indiqué Mme Beaufils. La Chine, avec près de 7 milliards de dollars d’échanges commerciaux, est actuellement le premier partenaire du Nigeria, marché géant de 180 millions d’habitants et première puissance pétrolière du continent.
Mme May, qui prépare la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne, doit trouver de nouveaux alliés économiques et renégocier les accords commerciaux hors UE. Elle est accompagnée de 27 hommes d’affaires, dont plus de la moitié dirigent des petites et moyennes entreprises.
– “Esclavage moderne” –
Mardi soir, la Grande-Bretagne a également signé un accord commercial de 20 millions de livres avec le Ghana, autre pays d’Afrique de l’Ouest.
Après cette étape à Abuja, Mme May s’est envolée pour Lagos, mégalopole de 20 millions d’habitants, où elle doit également s’entretenir avec le gouverneur Akinwunmi Ambode, puis rencontrer des victimes de la traite des êtres humains.
Elle y annoncera des projets de lutte contre l’immigration illégale.
“L’esclavage moderne est l’un des plus grands abus des droits de l’Homme et le Royaume Uni veut être un meneur mondial dans la lutte contre ce crime”, a déclaré la Première ministre britannique, citée dans un communiqué du Commonwealth.
“Aujourd’hui, nous accélérons notre partenariat avec les autorités nigérianes pour trouver les trafiquants et les amener devant la justice”, a-t-elle ajouté.
Cette aide, qui s’élève à 10,5 millions de livres, devra aider à la lutte contre le trafic de drogue, les trafic des êtres humains et rapatrier 1.700 ressortissants nigérians bloqués en Libye sur leur chemin vers l’Europe.
En décembre dernier, l’OIM recensait plus de 36.000 Nigérians bloqués en Libye et au Niger. L’agence nigériane de l’immigration estime que quelque 10.000 ressortissants sont morts dans la Méditerranée et dans le désert du Sahara entre janvier et mai 2017.
En 2017, 18.000 Nigérians étaient arrivés sur les côtes italiennes, selon les chiffres de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), un chiffre en forte baisse pour les six premiers mois de l’année 2018.
Theresa May doit également se rendre au Kenya, autre pays du Commonwealth, après l’Afrique du Sud et le Nigeria, pour la dernière étape de sa tournée. C’est la première fois depuis 30 ans qu’un Premier ministre britannique se rend dans cette ancienne colonie.
Source: AFP