La Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a mis en avant mardi la nécessité d’améliorer la protection des journalistes dans les situations de crise, lors du Sommet humanitaire mondial des Nations Unies à Istanbul, en Turquie.
« Les journalistes font leur travail là où il y a des conflits et des crises humanitaires. […] Il est important que les journalistes puissent couvrir ces crises avec un regard indépendant et objectif », a déclaré Mme Bokova dans un entretien avec le Centre d’actualité de l’ONU, quelques minutes avant de participer à une session spéciale du Sommet sur le thème, ‘Protéger les journalistes et promouvoir une information indépendante dans les situations de crise’.
« Malheureusement, plus de 800 journalistes ont été tués sur les 10 dernières années, parfois dans des zones de conflit, mais la majorité sont des journalistes locaux qui se battent contre la criminalité, le crime organisé, les mafias ou la corruption », a déploré Mme Bokova.
La Directrice générale a précisé que dans neuf cas sur dix, ces crimes restent impunis et ne font l’objet d’aucune enquête par la justice.
« Nous ne devons pas accepter l’impunité contre ces crimes », a déclaré Mme Bokova, saluant la tenue de ce Sommet humanitaire mondial comme l’occasion de sensibiliser le public sur la question.
A ce titre, Mme Bokova a fait part de son intention de plaider, lors de la session spéciale, en faveur de la mise en œuvre du ‘Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité‘, adopté par le système des Nations Unies en 2012.
« C’est l’UNESCO qui a initié cette idée d’avoir un Plan d’action pour la protection des journalistes. Nous avons mobilisé tout le système des Nations Unies et tous nos partenaires pour y parvenir », a rappelé Mme Bokova.
Ce Plan est destiné à œuvrer à la création d’un environnement libre et sûr pour les journalistes et les professionnels des médias, dans les situations de conflit et de non conflit, en vue de renforcer la paix, la démocratie et le développement. Entres autres mesures, il comprend l’établissement d’un mécanisme inter-agences coordonné pour traiter des questions liées à la sécurité des journalistes et une aide aux pays pour développer une législation et des mécanismes favorables à la liberté de la presse.
« A travers ce Plan d’action, nous avons mené des actions concrètes dans beaucoup de pays, y compris au Mexique, où nous avons formé plus de 1.000 juges [à la question] », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO.
« Nous avons aussi lancé l’idée d’avoir une journée dédiée à l’impunité pour les crimes contre les journalistes, qui est célébrée chaque année le 2 novembre », a-t-elle ajouté.
La sécurité des journalistes et la liberté de la presse sont des questions promues par l’UNESCO dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont le 16ème objectif appelle les Etats membres à garantir l’accès du public à l’information et protéger les libertés fondamentales, conformément aux législations nationales et aux accords internationaux.