La Centrafrique, où se rend mardi le secrétaire général de l’ONU, est un pays pauvre enclavé en Afrique centrale, marqué par une instabilité chronique et en proie depuis 2013 à un violent conflit malgré la présence de forces de maintien de la paix.
– Putschs, mutineries, rébellions –
Fin 1965, David Dacko, premier chef d’Etat depuis l’indépendance en 1960, est renversé par un coup d’Etat de Jean-Bedel Bokassa, qui se fait élire président à vie puis couronner empereur en 1977. Frasques mégalomaniaques et sanglantes exactions marquent son règne, notamment un massacre d’écoliers.
Le 20 septembre 1979, Bokassa, en visite en Libye, est chassé du pouvoir par les parachutistes français. Dacko rétablit la république, mais est contraint deux ans plus tard de céder le pouvoir aux militaires. André Kolingba accède au pouvoir et instaure le multipartisme en 1991. En 1993, Ange-Félix Patassé remporte la présidentielle.
Le pays connaît en 1996-1997 trois mutineries d’une partie de l’armée, avant un coup d’Etat manqué en 2001. En 2003, François Bozizé, ancien chef d’état-major des armées, en rébellion depuis novembre 2001, renverse Patassé et s’autoproclame président.
Dès 2005, le pays fait face à plusieurs rébellions, qui s’emparent de localités du Nord, reprises grâce à l’aide de la France ou par l’armée tchadienne à l’appel de Bangui.
– Violente crise depuis 2013 –
En mars 2013, les rebelles d’une coalition hétéroclite, la Séléka, prennent Bangui et renversent Bozizé. Michel Djotodia se proclame président. Les exactions de la Séléka, à dominante musulmane, contre les populations majoritairement chrétiennes, débouchent sur la création de milices d’auto-défense, principalement chrétiennes, les antibalaka (antimachettes), qui s’en prennent à leur tour aux civils musulmans.
Redoutant un génocide, la France lance l’opération militaire Sangaris (2013-2016), sous mandat de l’ONU.
En janvier 2014, le président Djotodia démissionne sous la pression des dirigeants d’Afrique centrale et de Paris. Une présidente de transition est élue par le Parlement.
Une Cour pénale spéciale (CPS) est créée en 2015 pour instruire et juger les crimes contre l’humanité et crimes de guerre depuis 2003, mais n’est pas encore opérationnelle.
En février 2016, l’ex-Premier ministre Faustin-Archange Touadéra est élu président.
La présence de forces internationales comme Sangaris et la mission onusienne Minusca (depuis 2014) permettent le retour d’un calme relatif à Bangui, mais pas dans les provinces, contrôlées en majorité par les groupes armés.
– Près d’un quart de la population déplacée –
Le nombre de réfugiés et de déplacés fuyant les violences a atteint 1,1 million de personnes, soit près d’un quart de la population, dont 513.000 réfugiés dans les pays voisins et environ 600.000 déplacés à l’intérieur du pays, selon l’ONU.
La moitié des Centrafricains dépendent de l’aide humanitaire, dans l’un des pays les plus dangereux au monde pour les humanitaires. “Plus de 280 incidents” ont “directement touché les ONG” depuis le début de l’année, selon Solidarités International.
– Un des pays les plus pauvres malgré ses diamants –
Plus des trois quarts des 4,7 millions d’habitants est dans une situation d’extrême pauvreté, selon la Banque mondiale.
Le pays est classé dernier (188e) pour son Indice du développement humain (IDH) par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
L’économie centrafricaine, où tout est à reconstruire, a été dévastée par les crises qui ont empêché ce pays riche en matières premières (uranium, diamants, bois, or) de se développer. Le pays produit aussi du coton, du café et du tabac.
La reprise économique est plus lente qu’escompté selon la Banque mondiale, qui prévoit 4,7% de croissance cette année et 5% en 2018.
En novembre 2016, Bangui s’est vu promettre plus de 2,2 milliards de dollars sur trois ans lors d’une conférence de donateurs à Bruxelles.
Source: AFP