Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a annoncé mercredi qu’il allait se rendre en République centrafricaine pour passer la Journée des Nations Unies (24 octobre) avec une opération de maintien de la paix afin de rendre hommage aux Casques bleus à travers le monde.
« Les soldats de la paix font preuve d’un courage extraordinaire dans des environnements instables », a souligné M. Guterres lors d’un point de presse au siège de l’ONU à New York. Il a remercié le personnel en uniforme et le personnel civil pour leurs contributions, ainsi que les pays fournisseurs de contingents pour leur engagement. Il a rappelé que le dévouement des Casques bleus va parfois jusqu’à la mort. Depuis le début de l’année, 67 soldats de la paix sont décédés dans l’exercice de leurs fonctions. En République centrafricaine, 12 soldats de la paix ont été tués par des actes hostiles rien que cette année.
Attirer l’attention sur une situation fragile, loin des projecteurs médiatiques
Le Secrétaire général a estimé qu’il était important de se rappeler qu’il y a cinq ans, le pays était confronté à des atrocités de masse et que les Casques bleus des Nations Unies « ont aidé à éviter le pire ». « Aujourd’hui, la situation reste très préoccupante. Ma visite vise également à attirer l’attention sur une situation fragile, souvent loin des projecteurs médiatiques. Partout dans le pays, les tensions communautaires augmentent. La violence se répand. Et la situation humanitaire se détériore », a souligné M. Guterres. Selon l’ONU, depuis le début de cette année, le nombre de personnes déplacées a pratiquement doublé pour atteindre 600.000 personnes. Le nombre de réfugiés dépasse 500.000. « Malgré les besoins croissants, le personnel humanitaire et les travailleurs humanitaires sont ciblés et l’accès est restreint. Rien que cette année, 12 travailleurs humanitaires ont été tués en République centrafricaine », a noté le Secrétaire général, ajoutant que les appels de fonds ne sont financés qu’à hauteur de 30%.
Souligner la nouvelle approche de l’ONU contre l’exploitation et les abus sexuels
La visite du chef de l’ONU sera aussi l’occasion pour lui de donner une impulsion à la nouvelle approche des Nations Unies pour répondre et prévenir l’exploitation et les abus sexuels. « Nous savons que le travail et le sacrifice des soldats de la paix dans le monde ont été ternis par les actes effroyables de certains membres du personnel de l’ONU qui ont nui aux personnes qu’ils étaient censés servir. Je suis peiné que certains Casques bleus aient commis des actes flagrants d’exploitation et d’abus sexuels contre le peuple centrafricain », a-t-il dit. Le Secrétaire général sera accompagné lors de sa visite par la nouvelle Défenseure des droits des victimes, Jane Connors.
Tout faire pour préserver les progrès réalisés
M. Guterres a estimé que la République centrafricaine a fait de véritables progrès vers le retour à la paix, notamment avec l’élection d’un Président et d’un gouvernement, et l’établissement d’une Cour pénale spéciale avec l’aide des Nations Unies. Selon lui, il faut « tout faire pour préserver ces réalisations ». Il a souligné que les Nations Unies continueraient de coopérer avec l’Union africaine en la matière. « Il est temps de consolider ces acquis fragiles et de les transformer en un investissement durable dans la paix et la stabilité pour les populations de la République centrafricaine », a-t-il conclu.
Basse Kotto : la MINUSCA dépêche des troupes à Pombolo
De son côté, la Mission de stabilisation multidimensionnelle intégrée des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) a annoncé mercredi avoir décidé d’envoyer des troupes à Pombolo, dans la préfecture de la Basse Kotto, au sud du pays, après avoir été informée de violences dans cette localité. « La MINUSCA condamne ces violences dans cette localité où elle ne dispose d’aucun Casque bleu », a dit la Mission dans un communiqué de presse. « Les premières indications laissent supposer que ces violences d’une grande ampleur auraient coûté la vie à de nombreux innocents civils ». La MINUSCA a déclaré qu’elle ferait tout ce qui est en ses capacités pour mettre fin à ces violences et faciliter l’accès aux soins aux blessés. A cet effet, elle a décidé d’envoyer immédiatement un hélicoptère pour une reconnaissance aérienne et des troupes au sol.
Avec le service de presse de l’ONU