Le détenu politique le plus célèbre d’Egypte devient citoyen britannique

Abdel Fattah au sein de ses partisans à l'extérieur de la prison principale du Caire avant sa condamnation l'année dernière (AFP)

Le militant Alaa Abdel Fattah, figure clé de la révolution de 2011 en Egypte, a obtenu la citoyenneté britannique alors qu’il est en prison, a annoncé lundi sa famille.

M. Abdel Fattah observe une grève de la faim depuis le 2 avril pour dénoncer ses conditions de détention, obtenir le droit de “visites du consulat britannique” et pouvoir “communiquer avec ses avocats au Royaume-Uni”, a indiqué sa sœur, Mona Seif, sur Facebook.

“Alaa a récemment obtenu la nationalité britannique (…) et demande que des actions urgentes soient prises par les institutions judiciaires égyptiennes et britanniques”, a-t-elle poursuivi.

Alors que leur mère Laila Soueif est née à Londres en 1965, Alaa Abdel Fattah et ses sœurs n’ont fait la demande de nationalité qu’en 2019, car “il est devenu clair que les prisons de Sissi refuseraient de libérer notre famille et nous devions trouver un moyen de sortir de cette épreuve impossible”, explique Mme Seif.

En décembre, M. Abdel Fattah, 40 ans, avait été condamné à cinq ans de prison pour “diffusion de fausses informations” et son ancien avocat Mohamed al-Baqer et le blogueur Mohamed Ibrahim, alias Oxygen, à quatre ans. Condamnés par un tribunal d’exception, ils n’ont pas le droit d’interjeter appel.

Figure centrale du soulèvement populaire de 2011 qui a chassé le président Hosni Moubarak lors du Printemps arabe, M. Abdel Fattah détient un triste record: il a été emprisonné sous tous les présidents du plus peuplé des pays arabes depuis plus d’une décennie.

Sa dernière arrestation remonte à septembre 2019 après de rares manifestations contre le président actuel Abdel Fattah al-Sissi, qui a progressivement muselé la population depuis son arrivée au pouvoir en 2013.

Le pays compte 60.000 détenus d’opinion, dont selon Amnesty International, “des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association”.