Le directeur financier de la Trump Organization, Allen Weisselberg, s’est rendu jeudi chez le procureur de Manhattan pour être informé de son inculpation, dénoncée comme “politique” par l’entreprise de l’ex-président américain.
Par Catherine TRIOMPHE
M. Weisselberg, 73 ans, fidèle parmi les fidèles de Donald Trump et de sa famille, s’est présenté au bureau du procureur de Manhattan peu avant 06h30 (10H30 GMT), selon le New York Times qui a publié une photo de lui dans les locaux du magistrat.
Son avocate, Mary Mulligan, a confirmé les poursuites. “Il a l’intention de plaider non coupable et de se battre contre ces accusations”, a-t-elle précisé dans un communiqué transmis à l’AFP, sans détailler les chefs d’inculpations le visant.
La Trump Organization a immédiatement accusé le procureur Cyrus Vance, un démocrate, qui enquête depuis plus de deux ans sur de possibles malversations au sein de la Trump Organization, de poursuites politiquement motivées.
“Le procureur de Manhattan lance des poursuites liées à des avantages accordés à un employé que ni le fisc ni aucun autre procureur ne songerait à lancer”, a affirmé un porte-parole de cette entreprise familiale, dont le siège est établi à la tour Trump, sur la célèbre 5e avenue.
Allen Weisselberg “est utilisé comme un pion par le procureur de Manhattan (…) pour essayer de nuire à l’ancien président” Donald Trump, a-t-il ajouté. “Ce n’est pas de la justice, c’est de la politique.”
L’acte d’accusation contre M. Weisselberg devrait être rendu public jeudi après-midi, après la présentation du septuagénaire devant un juge.
Selon des sources anonymes citées par des médias américains, celui qui commença par travailler pour le père de Donald Trump en 1973 a été inculpé par un grand jury de délits fiscaux liés à des avantages en nature perçus en tant que directeur financier et non déclarés au fisc, tels que des appartements loués gratuitement, la prise en charge de frais de scolarité pour sa famille, des voitures de luxe, etc.
La Trump Organization elle-même — entreprise non cotée qui regroupe des clubs de golf, des hôtels de luxe et d’autres propriétés immobilières — devrait aussi être inculpée, selon ces sources.
– Trump épargné pour l’instant –
Elle pourrait être accusée d’avoir délibérément sous- ou sur-évalué ses actifs selon les cas, ce qui pourrait constituer des délits de fraude fiscale ou de fraude aux assurances.
Ces inculpations représenteraient les premiers fruits d’une enquête lancée il y a plus de deux ans par Cyrus Vance et à laquelle participe également la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James, elle aussi élue démocrate.
M. Vance s’est notamment battu des mois durant pour obtenir les déclarations d’impôts de l’ancien magnat new-yorkais, premier président américain depuis les années 1970 à ne pas les avoir publiées.
L’ancien président républicain, qui maintient l’ambiguïté sur une éventuelle nouvelle candidature à la présidentielle de 2024 et a tenu la semaine dernière son premier grand meeting depuis son départ de Washington, ne devrait pas être mis en cause à ce stade de l’enquête, ni aucun membre de sa famille, selon les sources citées par la presse américaine.
Mais l’enquête devrait se poursuivre dans les mois qui viennent.
Si M. Weisselberg était inculpé uniquement pour ces avantages en nature, un délit relativement mineur, de nombreux observateurs estiment que son inculpation pourrait avoir pour premier objectif de le persuader de coopérer avec les enquêteurs: lui qui connaît tous les dessous des affaires de la famille Trump pourrait ainsi les aider à étayer leurs dossiers et arriver à des chefs d’inculpations plus substantiels, une tactique fréquemment utilisée par les procureurs américains.
Donald Trump fut, en 2016, le premier milliardaire à entrer à la Maison Blanche. Lors de son départ pour Washington, il a refusé de céder son entreprise et en a simplement laissé les rênes à Allen Weisselberg et à ses deux fils ainés, Donald Junior et Eric Trump.
Mais tout le monde s’attend à ce que l’enquête de M. Vance et Mme James continue. L’un des avocats de la Trump Organization a reconnu en début de semaine que M. Trump n’était “pas encore tiré d’affaire”.
Les adversaires de l’ancien président sont nombreux à se réjouir publiquement des déboires judiciaires de son entreprise et à attendre avec impatience qu’il soit directement mis en cause.
Son ancien avocat personnel, Michael Cohen, premier de l’entourage Trump à avoir été inculpé puis condamné à trois ans de prison en 2018 après avoir plaidé coupable, a dit dans un tweet mercredi “prier pour ce jour-là”.
Source: AFP