Avec 1.500 militaires sur place, le Niger constitue le pivot du dispositif antijihadiste français au Sahel depuis le départ contraint du Mali à l’été 2022, mais les putschistes ont dénoncé jeudi soir à Niamey plusieurs accords militaires conclus avec la France.
Certains de ces accords concernent notamment le “stationnement” du détachement français et le “statut” des militaires présents dans le cadre de la lutte antijihadiste, selon un communiqué lu à la télévision nationale.
“Face à l’attitude désinvolte et la réaction de la France relativement à la situation” au Niger, “le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, militaires au pouvoir), décide de dénoncer les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec cet Etat”, a déclaré jeudi le colonel-major Amadou Abdramane, membre des putschistes.
Un retrait du Niger n’est “pas du tout à l’ordre du jour”, avait affirmé mardi l’état-major français.
Sous la pression d’une junte malienne hostile qui a fait appel, – quoiqu’elle s’en défende – aux mercenaires russes de Wagner, la France a quitté le Mali où elle traquait les groupes armés depuis neuf ans pour installer le gros de ses forces au Niger voisin.
Les forces spéciales françaises stationnées au Burkina Faso ont également dû en partir l’an dernier. Le régime, issu d’un coup d’Etat en septembre 2022, a lui aussi exigé le retrait des militaires français de son territoire.
Cette réorganisation, qui a signé la fin de l’opération Barkhane, s’est accompagnée d’une nette décrue des effectifs militaires français au Sahel, passés d’environ 4.500 à 2.500, dont 1.500 au Niger et 1.000 au Tchad.
Alors qu’auparavant le Niger servait essentiellement de base de transit pour les opérations au Mali, le pays accueille désormais le coeur du dispositif militaire français, sur la base aérienne projetée (BAP) de Niamey, où sont déployés en permanence cinq drones Reaper et au moins trois avions de chasse Mirage.
Les Français y ont renforcé leur présence et détaché des centaines d’hommes dans le sud-ouest du pays, notamment à Ouallam et Ayorou, près de la frontière malienne, où ils mènent des opérations antijihadistes, main dans la main, avec les forces armées nigériennes (FAN), sous l’autorité des FAN.
Pour moins prêter le flanc aux critiques contre la présence militaire en Afrique de l’ex-puissance coloniale, le président Emmanuel Macron a ordonné une action collant strictement aux demandes spécifiques des Nigériens.
Les armées françaises ont pour mandat d’appuyer les troupes nigériennes au combat et de les aider à monter en puissance ses armées, le groupe Etat islamique au Sahara (EIS) ayant repris du poil de la bête à la frontière malo-nigérienne.
“Au Niger et de façon globale partout en Afrique, la position philosophique est différente de ce qui se faisait au Mali. Aujourd’hui notre aide part d’abord du besoin du partenaire”, expliquait en mai à l’AFP le commandant des forces françaises au Sahel (FFS), le général Bruno Baratz.
Le Niger est désormais le seul pays africain où la France entretient un partenariat dit de combat, contre les jihadistes. Le Tchad accueille quant à lui l’état-major des opérations françaises au Sahel, ainsi que des troupes déployées dans le cadre d’un partenariat militaire avec N’Djamena.
Les autres bases françaises sur le continent accueillent des forces permanentes dites prépositionnées, qui participent à la protection des ressortissants, se tiennent prêtes à venir en renfort des opérations et coopèrent avec les armées nationales (exercices, formation, etc.): Djibouti (1.500 personnels), Côte d’Ivoire (900), Sénégal (400) et Gabon (350).
Source: AFP