Le SMB-Africa Forum s’est achevé vendredi dernier en Côte d’Ivoire. SMB pour Small & Medium size Business, en français : les petites et moyennes entreprises (PME). Trois jours de conférences, de rencontres et d’ateliers pour parler d’opportunités d’investissement. Mais c’est aussi l’occasion d’une réflexion sur la place des PME dans les économies africaines souvent dominées en nombre par l’informel et en volume par les grands groupes internationaux. A quelles difficultés sont confrontés les entrepreneurs ? Pourquoi faut-il soutenir les PME ?
Par Carol Valade
Africa SMB Forum c’est d’abord un club d’affaire autour de la diaspora puis une plateforme pour permettre aux PME africaines de s’ouvrir à l’international créé par Dogad Dogoui, chef d’entreprise et consultant :
« Africa SMB Forum c’est une structure qui accompagne certaines PME soucieuses de rechercher des connexions et des marchés à l’international. Nous avons par exemple une entreprise en Côte d’Ivoire qui fait du gaz liquéfié. Elle reste une PME mais elle prétend à des marchés au Burkina Faso ou au Mali. Voilà une entreprise que nous connectons pour l’aider à grandir. »
Mais faute de cadre légal ou d’accompagnement institutionnel, développer sa PME relève souvent du parcours du combattant d’autant plus lorsqu’on est issu de la diaspora témoigne Hermann Christian Kouassi, président d’un incubateur ivoirien :
« Première difficulté, les personnes qui voient en vous un concurrent. Deuxième difficulté, les réseaux. Lorsque vous arrivez de l’étranger, vous êtes déconnectés et coupés de tout. Troisième difficulté, le financement. Les banques africaines ne prêtent pas. On va vous dire que vous n’êtes pas un client de longue date. Bref, lorsque vous débarquez, vous êtes désemparés et vous n’avez pas de structure d’accompagnement. »
Difficile donc de trouver sa place dans des économies dominées, en nombre par l’informel et en volume par les grands groupes internationaux selon Hermann Christian Kouassi :
« On se fie beaucoup aux grands groupes qui absorbent 80% du business. Mais ce ne sont pas les grands groupes qui créent de la richesse. Il faut pouvoir renforcer les PME qui elles vont embaucher. Les grands groupes vont faire des recrutements sur des compétences pointues mais elles n’embauchent pas des masses. »
« Les pays africains doivent imposer qu’une partie des marchés publiques soit dédiée aux entreprises locales » renchérit Dogad Dogoui.
Le Burkina Faso voit dans le soutien aux PME une manière d’emmener les acteurs de l’informel vers l’économie régulière. Harouna Bandaogo du ministère du Commerce burkinabè :
« L’avantage, de se faire « formaliser« , lorsque vous êtes artisan, par exemple un vendeur de statuettes, c’est d’abord d’être enregistré et donc d’avoir accès aux appuis institutionnels pour améliorer la situation. Et ensuite, vous accédez à la mise en réseau : réseaux de banques ou d’acheteurs professionnels. Tout ça permet d’améliorer la situation de l’artisan. »
Doga Dogoui en est convaincu, les PME sont la clef d’un « changement de paradigme » pour les économies africaines en transformant « localement » leurs produits tout en s’assurant que les revenus restent sur place.
Source: AFP