Libye : l’envoyé de l’ONU réclame la pleine mise en oeuvre de l’accord politique conclu il y a un an

Libye : l'envoyé de l'ONU réclame la pleine mise en oeuvre de l'accord politique conclu il y a un an
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, Martin Kobler, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Amanda Voisard

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, Martin Kobler, a regretté mardi l’impasse dans laquelle se trouve la mise en œuvre de l’Accord politique libyen, conclu en décembre 2015, et a rappelé que cet accord demeurait le seul cadre viable pour le pays.

« La seule alternative à cet accord est le chaos », a affirmé M. Kobler lors d’un exposé devant les membres du Conseil de sécurité de l’ONU.

M. Kobler, qui est le chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), a toutefois insisté sur les progrès enregistrés dans le pays, notamment la multiplication par trois de la production de pétrole depuis le mois d’août dernier. Il s’est félicité de la légitimité internationale dont bénéficient le Conseil de la présidence et l’Accord politique libyen.

Le Représentant spécial a souligné les progrès décisifs enregistrés dans la lutte contre le groupe terroriste Daech, qui ne contrôle plus que quelques poches à Syrte. « Bien que Daech continue de poser une menace, les jours où il contrôlait des territoires en Libye sont terminés », a assuré M. Kobler, avant d’ajouter que l’Armée nationale libyenne continuait son avancée à Benghazi.

Tout en jugeant ces développements encourageants, M. Kobler a attiré l’attention sur les graves défis qui subsistent en Libye. « Les institutions de l’Accord politique libyen n’ont pas, et de loin, répondu aux attentes », a-t-il reconnu. Il a ainsi évoqué le rejet par la Chambre des représentants de la formation d’un nouveau gouvernement d’entente nationale et le manque de coopération entre les différentes institutions libyennes. « Le gouvernement intérimaire basé à Beïda continue d’exercer son autorité en parallèle », a-t-il dit.

M. Kobler a déclaré que la situation sécuritaire fragmentée permettait aux réseaux criminels et terroristes de prospérer. Ces derniers jours, Tripoli a été le théâtre des plus violents affrontements depuis 2014, en raison de la rivalité entre les différents groupes armés, a-t-il déclaré. À ce stade, le Représentant spécial a souhaité que l’embargo sur les armes reste en place, « jusqu’à ce que la Libye soit dotée d’un appareil sécuritaire cohérent et fiable ».

Il a proposé plusieurs pistes pour que le pays aille de l’avant, en reconnaissant que « l’erreur a été d’abandonner la Libye à elle-même après 2011 ». « Nous devons travailler ensemble pour régler définitivement les questions sous-jacentes », a-t-il déclaré.

Le Représentant spécial a tout d’abord appelé la Chambre des représentants à approuver le gouvernement d’entente nationale tel que présenté par le Conseil de la présidence. Lorsque ce sera fait, la Chambre des représentants et le Conseil d’État pourront s’approprier l’Accord politique libyen, a-t-il estimé. Il a précisé que les questions en suspens, y compris celle relative au commandement de l’Armée nationale libyenne, pourront être réglées dans le cadre de l’Accord politique.

M. Kobler a ensuite appuyé la création d’une garde présidentielle pour protéger les institutions de l’État et les ambassades. Le Conseil de la présidence et le gouvernement d’entente nationale ne doivent pas être protégés par les groupes armés, a-t-il estimé, en précisant que cette garde pourrait bénéficier d’exemptions au titre de l’embargo sur les armes.

Enfin, le Représentant spécial a souligné l’importance d’un retour échelonné de la MANUL à Tripoli, une fois que les questions de sécurité auront été réglées de manière adéquate. « Nous serons beaucoup plus efficaces là-bas qu’à Tunis », a-t-il reconnu. C’est pourquoi, il a invité la communauté internationale à renoncer à son exil et à être présente sur le terrain pour œuvrer au mieux au retour de la stabilité dans le pays.