Les mausolées de saints musulmans de Tombouctou (nord du Mali), perçus par la population comme des protecteurs contre les dangers dans cette ville mythique, ont été en grande partie détruits par des jihadistes en 2012 et reconstruits grâce à l’Unesco.
Jeudi, la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré que le jihadiste malien Ahmad al Faqi al Mahdi avait provoqué pour 2,7 millions d’euros de dégâts et ordonné le versement de dédommagements aux victimes. Ce Touareg avait été condamné à neuf ans de détention après avoir été reconnu coupable d’avoir démoli des mausolées, lors du premier procès d’un jihadiste devant la CPI.
– “La cité des 333 saints” –
Les mausolées sont des tombeaux de personnalités vénérées, dites “saints” à Tombouctou, ville inscrite par l’Unesco en 1988 sur sa liste du patrimoine mondial de l’humanité, puis reclassée en 2012 comme patrimoine mondial en péril.
Selon l’Unesco, Tombouctou compte “16 cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers”.
Ces mausolées se trouvent en ville ou dans des cimetières en périphérie de la cité avec des tombes portant des stèles et autres insignes funéraires. Les plus anciens remontent au XIVe siècle, d’après les spécialistes.
Fondée à partir du Ve siècle par des tribus touareg, la ville est surnommée notamment “la Cité des 333 saints” qui, selon un muséologue malien, sont les équivalents de saints patrons chez les chrétiens. Ils sont considérés comme les protecteurs de la ville, susceptibles d’être sollicités pour des mariages, pour implorer la pluie ou lutter contre la disette, etc…
– Centre intellectuel de l’islam –
La ville de Tombouctou a été un grand centre intellectuel de l’islam et une ancienne cité marchande prospère de caravanes. Elle a connu son apogée économique et culturelle aux XVe et XVIe siècles.
La cité compte trois grandes mosquées historiques – Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia -, la prestigieuse université coranique de Sankoré et d’autres madrassa (écoles coraniques), témoins de son rayonnement spirituel d’antan. Bien que restaurées, les trois mosquées sont aujourd’hui menacées par l’avancée du sable.
La cité est également célèbre pour ses dizaines de milliers de manuscrits, dont certains remontent au XIIe siècle, et d’autres à l’ère pré-islamique.
– Destruction et reconstruction –
Quatorze des mausolées ont été détruits, à coups de pioche, houe et burin, par des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, dont Ansar Dine, au nom de la lutte contre “l’idolâtrie” en 2012.
Ces groupes ont dicté leur loi dans le nord du Mali de mars-avril 2012 jusqu’au déclenchement, en janvier 2013, d’une opération militaire internationale à l’initiative de la France.
De mars 2014 à juillet 2015, des travaux de reconstruction ont été réalisés dans le cadre d’un programme mis en oeuvre par l’Unesco et financé par plusieurs pays et institutions. En février 2016, la cité a repris possession de ses sanctuaires reconstruits à l’identique.
Source: AFP