Des indigènes ont renversé vendredi à Bogota la statue du conquistador espagnol et fondateur de la capitale colombienne, Gonzalo Jimenez de Quesada, au dixième jour des manifestations contre le gouvernement de droite du président Ivan Duque.
Des images, largement diffusées sur les réseaux sociaux, montrent un groupe d’amérindiens de l’ethnie Misak sur le piédestal vide, tandis que la statue de ce conquistador du XVe siècle, érigée en 1960, git sur le sol un bras cassé.
Les manifestants y brandissent des bannières de ce peuple originaire du Cauca (sud-ouest) aux couleurs fuchsia, bleu, blanc et noir.
Gonzalo Jimenez de Quesada “a été historiquement le plus grand MASSACREUR, TORTIONNAIRE, VOLEUR ET VIOLEUR de nos femmes et de nos enfants”, ont dénoncé les Misaks dans un communiqué.
De lui “descendent les familles des élites” colombiennes qui “ont généré les grands problèmes” du pays comme “la réforme fiscale présentée par le gouvernement” et “renversée (…) par tous les peuples unis dans les manifestations”, ont-ils ajouté.
Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues depuis le 28 avril. La mobilisation, qui avait commencé contre un projet de réforme fiscale retirée dimanche, se poursuit en dénonçant l’ensemble des politiques du président conservateur, dont la popularité est en berne à 33%.
Si la plupart des manifestions ont été pacifiques et festives, des troubles et de violents affrontements avec les forces de l’ordre ont fait au moins 26 morts et des centaines de blessés, selon les derniers chiffres officiels.
La protestation des Misaks rappelle les images de statues d’esclavagistes et de colonisateurs renversées notamment aux Etats-Unis, en Belgique, au Royaume-Uni et en Martinique, lors de manifestations contre la mort de l’afro-américain George Floyd aux mains d’un policier blanc.
En Colombie, les indigènes du sud-ouest du pays, qui livrent une lutte historique pour leurs terres ancestrales, ont déjà renversé au moins trois statues de conquistadors depuis septembre 2020.
Dans cette région, les peuples autochtones sont en outre confrontés à la violence de groupes armés financés par le trafic de drogue, depuis le désarmement des guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) suite à l’accord de paix signé par l’ex-rébellion en 2016.
Source: AFP