Des centaines de migrants pourraient avoir disparu dans le naufrage vendredi d’un bateau au sud de la Crète, où une importante opération de sauvetage se poursuivait, tandis qu’au même moment était annoncée la découverte de 117 corps sur les côtes libyennes.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’embarcation qui a fait naufrage à 75 milles de l’île grecque la plus grande et la plus peuplée provenait d’Afrique et transportait au moins 700 personnes. La police portuaire grecque ne confirmait pas ce chiffre mais parlait de “plusieurs centaines” de personnes à son bord. Le drame a fait au moins neuf morts dont les corps ont été repêchés. Cinq navires marchands qui participaient aux recherches ont jusque-là recueilli 340 rescapés.
Deux patrouilleurs des garde-côtes grecs, deux avions et un hélicoptère poursuivaient l’opération de sauvetage, aidés par une météo clémente malgré un fort vent, dans une zone située entre les eaux grecques et égyptiennes. L’embarcation, longue de 25 mètres, a été repérée dans la nuit, à “moitié coulée” par un bateau de passage, ont précisé les autorités grecques, .
Les garde-côtes italiens ont dit avoir été alertés jeudi à 17H15 par un navire marchand italien, qui les a informés qu’un bateau de migrants était en difficulté dans une zone située entre les eaux grecques et égyptiennes. Quatre autres navires se sont ensuite déroutés, répondant à l’alerte des Italiens. Vendredi à 07H15, l’un d’eux a signalé que le bateau avait chaviré. Aucune indication n’était disponible dans l’immédiat sur la nationalité des migrants.
– “Pleurer les victimes, compter les morts” –
En Libye, 117 corps, en majorité de femmes, ainsi que de six enfants, ont été retrouvés depuis jeudi sur des plages de Zouara (ouest), non loin de la frontière avec la Tunisie, a fait savoir le Croissant rouge libyen. Et les autorités s’attendent à ce que “ce nombre augmente”.
Le porte-parole de la marine libyenne, le colonel Ayoub Qassem, n’a pas pu confirmer si ces corps provenaient de l’une des trois embarcations qui ont coulé la semaine dernière dans cette zone. Il a critiqué la communauté internationale qui, selon lui, “se contente de pleurer les victimes et de donner les chiffres”.
Le naufrage vendredi au large de la Crète pourrait indiquer que les passeurs cherchent d’autres voies pour contourner la force navale de l’Otan déployée plus au nord-est, entre les côtes turques et les îles grecques toutes proches, notamment de Lesbos et de Chios. C’est par cet étroit bras de mer que des centaines de milliers de réfugiés et de migrants avaient rallié l’Europe en 2015 et début 2016.
Depuis le début de l’année, 366 personnes, surtout des enfants, s’y sont noyées. Mais les traversées dans cette zone se sont taries après le déploiement allié et l’entrée en vigueur le 20 mars de l’accord UE-Turquie.
Ce pacte prévoit une lutte renforcée d’Ankara contre le trafic de migrants au départ des côtes turques, en échange d’un soutien politique et financier européen. Il ouvre aussi la voie au renvoi en Turquie des migrants arrivés en Grèce par cet itinéraire après le 20 mars, y compris des demandeurs d’asile syriens. Avant l’exode vers les îles grecques de 2015, plusieurs interceptions et naufrages de bateaux de migrants avaient déjà eu lieu ces dernières années au large de la Crète ou encore plus à l’ouest, à proximité du Péloponnèse ou en mer Ionienne. Ces embarcations étaient généralement en route vers l’Italie au départ de la Turquie ou des côtes africaines de la Méditerranée.
AFP