Plusieurs gouverneurs nigérians se sont opposés au projet du gouvernement d’octroyer un milliard de dollars supplémentaires, générés par les fonds d’excédents pétroliers, pour aider à la lutte contre le groupe jihadiste Boko Haram, dans le nord-est du pays, générant la controverse.
La semaine dernière, le gouverneur de l’Etat d’Edo (sud), Godwin Obaseki – affilié au parti au pouvoir, All Progressives Congress (APC) – a annoncé que le gouvernement fédéral avait reçu l’aval des gouverneurs pour réserver un milliard de dollars dans l’effort de guerre contre Boko Haram, sur les 2,3 milliards disponibles sur les comptes d’excès pétroliers (Excess Crude Account, ECA).
Cette réserve d’argent appartient de manière égale, selon la Constitution du pays, au gouvernement fédéral, aux 36 Etats qui le composent, ainsi qu’aux districts locaux.
Le Nigeria, premier exportateur d’or noir du continent, produit environ 2 millions de barils par jour, soit 90% de ses revenus en devises étrangères et 70% de son budget national.
“Nous sommes heureux d’annoncer que les gouverneurs ont donné leur accord pour consacrer 1 milliard de dollars des fonds d’excès (ECA) pour mettre un terme final à la guerre” contre Boko Haram, a déclaré M. Obaseki.
Mais la décision a soulevé de nombreuses critiques au sein de l’opposition et quatre gouverneurs s’y sont déjà opposés. Ayodele Fayose, gouverneur du Parti populaire démocratique (PDP, opposition) de l’Etat d’Ekiti (sud), a d’ailleurs fait savoir qu’il porterait cette décision en justice.
“Je rejette cette histoire d’un milliard de dollars, et la rejetterai toujours. Dans mon Etat, nous nous sommes mis d’accord pour porter l’affaire en justice, et d’exercer notre droit constitutionnel”, a-t-il déclaré mardi.
“Ces revenus doivent être répartis de manière équitable entre tous ses propriétaires”, a ajouté M. Fayose, fervent critique du président Muhammadu Buhari qu’il accuse régulièrement de favoriser le Nord musulman, dont il est originaire, au Sud à majorité chrétienne.
A travers les médias locaux, le vice-président Yemi Osinbajo a toutefois défendu cette décision, affirmant que cette somme n’était pas seulement destinée à la lutte contre Boko Haram, comme annoncé la semaine dernière, mais à la sécurité générale dans le pays.
L’insurrection de Boko Haram a fait plus de 20.000 morts et des millions de déplacés depuis 2009, et malgré les annonces triomphalistes de l’armée, une grande partie du nord-est reste hors de contrôle et la situation humanitaire est très grave.
Toutefois, le pays de 190 millions d’habitants doit faire face à de nombreux autres défis sécuritaires aux quatre coins du pays (enlèvements contre rançons, massacres entre éleveurs et agriculteurs, crime organisé, menaces indépendantistes au Biafra, piraterie…).
Source: AFP