La compagnie Shell a coupé lundi les vannes d’un important oléoduc-gazoduc dans la région pétrolière du Delta, dans le sud du Nigeria, en raison d’un incendie sur les conduits d’approvisionnements, a annoncé un porte-parole de la compagnie.
“Un feu a été observé sur le Trans Niger Pipeline, au niveau de Gio dans l’Ogoni Land” (Etat de Rivers), a déclaré Joseph Obari. “SPDC (Shell Petroleum Development Company) a interrompu le service par mesure de précaution pendant le cours de l’enquête”, qui devrait déterminer s’il s’agit d’une nouvelle attaque de groupes armés, très actifs depuis plusieurs mois dans la région.
“Nous ne savons pas les causes de cet incendie, tout ce que l’on sait c’est qu’on a vu de hautes flammes et de la fumée noire qui sortait du pipeline ce matin, en sortant de la maison”, a confié à l’AFP Tamuno Alobari, un habitant de Gio. Les habitants ont alerté les secours tôt lundi matin.
L’oléoduc-gazoduc Trans Niger Pipeline transporte près de 180.000 barils de brut par jour au terminal d’exportation de Bonny, dont un autre oléoduc d’approvisionnement a déjà été attaqué samedi par le groupe armé des Vengeurs du Delta du Niger (NDA).
Les NDA ont rompu samedi le cessez-le-feu, annoncé il y a un mois, après huit mois d’attaques intenses, estimant se faire “berner” dans les pourparlers avec le gouvernement nigérian.
Selon le site internet de Shell, le Trans Niger Pipeline est “une infrastructure d’approvisionnement en gaz liquide, vital pour la production d’énergie domestique de la centrale Afam VI, et pour les exportations de gaz”.
Les centrales électriques du Nigeria, qui fonctionnent à plus de 80% au gaz naturel, n’arrivent plus à fournir de l’énergie au géant de l’Afrique, qui souffre d’une grave pénurie énergétique.
La région pétrolifère du sud du Nigeria fait l’objet d’attaques régulières de groupes armés très organisés, en plus des sabotages artisanaux.
En août, l’armée a lancé l’opération Sourire de Crocodile, près de la ville pétrolière de Warri (Delta), pour tenter d’endiguer ces attaques.
A cause des sabotages, la production de pétrole est passée de 2,1 millions de barils par jour au premier trimestre à 1,7 million actuellement, faisant perdre au Nigeria sa place de premier exportateur de pétrole en Afrique au profit de l’Angola.
La semaine dernière, le gouvernement nigérian avait affirmé que le pays reprendrait sa première place, grâce à la réouverture des terminaux de Qua Iboe et Forcados, détruits en juin par les NDA et qui fournissent 540.000 barils de pétrole par jour à l’exportation.
Les NDA, ainsi que d’autres groupes armés qui pullulent dans la région, visent sciemment des zones de production stratégiques. Les NDA réclament une meilleure redistribution des ressources du pétrole, et ont menacé de déclarer l’indépendance unilatérale du Biafra (région du Delta) le 1er octobre, jour de la fête nationale du Nigeria.
L’exportation de pétrole représente 70% du budget nigérian, mais la chute des cours mondiaux et la baisse de la production ont entraîné le Nigeria dans une récession économique au deuxième trimestre.
Source: AFP