Une deuxième personne est morte vendredi au lendemain de la dispersion par des tirs à balles réelles de manifestants dans le centre du Bénin, selon les autorités locales, au dernier jour de campagne avant la présidentielle.
“Un des blessés par balles a succombé ce matin, le bilan se monte désormais à deux morts et au moins cinq blessés”, a déclaré à l’AFP Denis Oba Chabi, le maire de Savè, où l’armée s’est déployée jeudi pour déloger des barrages de manifestants, qui protestent contre l’absence de l’opposition à la présidentielle de dimanche.
“Le calme est revenu, les jeunes n’ont pas érigé de nouvelles barricades, et après des négociations avec l’armée, les militaires sont rentrés dans leur garnison”, a-t-il ajouté.
Depuis mardi, les habitants de plusieurs villes du centre et du nord du pays, fief de l’opposition, bloquaient des centaines de voitures et transporteurs sur la route menant vers le nord du pays et vers le Niger.
Ils protestaient contre le président Patrice Talon, candidat à sa propre succession et accusé par l’opposition d’avoir confisqué le scrutin et de l’avoir empêché d’y participer par le nouveau code électoral et sa réforme institutionnelle.
Après deux jours de blocage, l’armée a été déployée jeudi à Savè à bord de blindés. Les militaires ont d’abord tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, ont observé des journalistes de l’AFP sur place, qui ont également entendu des coups de feu.
L’armée a finalement réussi à lever le barrage permettant à la circulation entre le sud et le nord du pays de reprendre en fin d’après-midi.
Contacté par l’AFP, le porte-parole du gouvernement Alain Orounla avait fustigé “une horde de jeunes drogués et armés” qui s’étaient attaqués aux forces de l’ordre, qui “essuyant des tirs” avaient “dû les repousser”. “L’élection aura lieu dimanche”, avait-il assuré.
“Le droit de notre peuple de manifester dans la rue, de s’exprimer et de faire entendre sa voix, est un droit constitutionnel”, a déclaré dans un communiqué un des candidats de l’opposition recalés du processus électoral, l’universitaire Joël Aïvo. “La jouissance de ce droit constitutionnel ne peut être criminalisée, pas plus qu’elle ne peut valoir aux manifestants prison ou mort”.
Le président Talon, qui n’a jusqu’ici fait aucun commentaire sur les violences et les arrestations, était attendu en début d’après-midi à Godomey, dans la banlieue de Cotonou, au sud, pour son dernier meeting avant la clôture de la campagne électorale à minuit.
© Agence France-Presse