La campagne pour l’élection présidentielle au Sénégal a débuté dimanche pour trois semaines, au terme desquelles le chef de l’Etat sortant Macky Sall, confronté à quatre adversaires, espère être réélu dès le premier tour comme son prédécesseur Abdoulaye Wade en 2007.
Par Selim SAHEB ETTABA
Selon les analystes, l’élimination de la course en raison de condamnations judiciaires des deux principaux rivaux de Macky Sall, Karim Wade, ex-ministre et fils d’Abdoulaye Wade et Khalifa Sall, dissident du Parti socialiste et maire déchu de Dakar, devrait faciliter la réalisation de cet objectif, seulement atteint par son prédécesseur.
Pour y parvenir, le pouvoir mise aussi sur son bilan, notamment en termes d’infrastructures — achèvement des chantiers du nouvel aéroport international et du pont de la Sénégambie, construction de routes et du Train express régional reliant Dakar à la ville nouvelle de Diamniadio — priorité de son Plan Sénégal émergent (PSE).
Cette première journée de campagne a démarré discrètement, avec quelques affiches de Macky Sall visibles à différents endroits de la capitale, sans grande effervescence, mais entourée d’une importante présence policière, en attendant dans la soirée les meetings de lancement des candidats et la diffusion des premiers spots de campagne télévisés.
Face au président sortant se présentent deux anciens compagnons de route d’Abdoulaye Wade, fondateur du Parti démocratique sénégalais (PDS, libéral): l’ex-Premier ministre Idrissa Seck, candidat pour la troisième fois, l’ex-ministre Madické Niang, et deux nouveaux venus dans l’arène nationale, tous deux élus députés en 2017, Ousmane Sonko, et Issa Sall, chef d’un parti proche de la mouvance religieuse.
Le Sénégal, qui a connu deux alternances, en 2000 et en 2012, et aucun coup d’Etat, fait figure de modèle de démocratie dans la région.
Mais des organisations internationales et régionales, ainsi que des ONG de défense des droits de l’Homme, ont dénoncé le caractère “inéquitable” de certains procès, notamment ceux de Karim Wade et Khalifa Sall, ou des restrictions aux libertés publiques.
– Eventuelles consignes de Khalifa et Wade –
Pour contraindre Macky Sall à un second tour empli d’incertitudes, chacun des quatre prétendants tente d’attirer à lui l’électorat de Khalifa Sall, en prison pour “escroquerie portant sur les deniers publics” et de Karim Wade, résident au Qatar depuis sa libération en juin 2016 après sa condamnation en 2015 à six ans de prison ferme pour “enrichissement illicite”.
Une possible consigne de vote la semaine prochaine de Khalifa Sall ou d’Abdoulaye Wade, qui vit en France, pourrait peser lourd dans le rapport de forces entre les quatre rivaux du président sortant.
En attendant, Idrissa Seck, 59 ans, a enregistré le ralliement de plusieurs candidats recalés faute du nombre de parrainages suffisants, dont l’ex-Premier ministre Hadjibou Soumaré, un ancien président de l’Assemblée nationale et du Sénat, Pape Diop, et trois anciens ministres.
Originaire de Thiès (ouest), son fief électoral, d’où il lance sa campagne dimanche, cet orateur brillant a suivi l’ascension de son mentor, Abdoulaye Wade, avant de connaître la disgrâce en 2004 lors du premier mandat de celui-ci.
Le doyen des candidats, l’avocat Madické Niang, 65 ans, proche de toujours de la famille Wade, s’est attiré les foudres d’Abdoulaye Wade, pour s’être présenté en alternative à Karim Wade, afin d’éviter, selon lui, au PDS d’être absent de la présidentielle.
Ce proche de la puissante confrérie mouride et des milieux religieux débute sa campagne à Mbacké (centre), localité voisine de Touba, ville sainte des mourides, tout comme Macky Sall.
Quant à Ousmane Sonko, 44 ans, ancien inspecteur des impôts radié en 2016 de la fonction publique pour manquement au devoir de réserve, après avoir notamment dénoncé l’opacité selon lui de l’attribution de contrats d’exploitation d’hydrocarbures, et Issa Sall, 63 ans, informaticien de formation et président d’une université privée, tous deux commencent leur campagne à Dakar.
Le discours patriotique d’Ousmane Sonko séduit une partie de la population, mais d’autres restent sceptiques face à certaines de ses déclarations fracassantes et à son manque d’expérience politique.
Lors de son investiture par une large coalition le 1er décembre, en présence des présidents ivoirien Alassane Ouattara, gambien Adama Barrow, libérien George Weah, mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et du Premier ministre bissau-guinéen Aristide Gomes, Macky Sall s’est engagé à amener le pays “plus loin et plus haut”.
Source: AFP