Le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, Michael Keating, a estimé vendredi qu’il était crucial que l’élection présidentielle se déroule à la date prévue, c’est-à-dire dans 12 jours. C’était à l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Somalie.
« Les Al-Shabaab font tout ce qu’ils peuvent pour discréditer et faire dérailler ce processus électoral, comme nous l’avons vu à Mogadiscio et lors de l’attaque de Kulbiyo aujourd’hui », a-t-il dit devant les membres du Conseil.
Les pressions pour modifier cette date pour des raisons politiques ne doivent pas l’emporter, a affirmé M. Keating. « Il est également essentiel que la dernière étape du processus soit conduite de manière transparente, conformément aux règles agréées et qui ont été élaborées en vue de garantir une élection libre et impartiale », a-t-il dit.
Le Représentant spécial a appelé tous les candidats à respecter le code de conduite qu’ils ont signé avant de poser leur candidature. Cela est d’autant plus important que les élections législatives ont été entachées de corruption, d’achats de vote, d’harcèlement, d’intimidation, de manipulations et de délais répétés, a déploré M. Keating.
Le processus électoral a été un miroir dans lequel les Somaliens ont vu du bon et du mauvais s’agissant de la manière dont le pouvoir est exercé et des relations entre les chefs de clans, les responsables politiques, le secteur des affaires et les citoyens, a poursuivi le Représentant spécial. Tirant les leçons de ce processus, il a souligné le travail remarquable accompli par les organes électoraux ad hoc, mais aussi leurs difficultés à résister aux pressions politiques et aux menaces.
Le calendrier électoral a été soumis à des délais répétés, le processus électoral ayant souvent été utilisé pour régler des contentieux de longue date entre les clans, les Etats et les autres acteurs, a expliqué M. Keating.
L’élection d’un Président vu comme légitime par la population et la communauté internationale ouvrira la voie pour que la Somalie règle les graves défis qui l’attendent, a noté M. Keating. Il a aussitôt averti que le pays pourrait faire face à une période prolongée d’incertitude si le vote présidentiel était entaché par la corruption, des intimidations et des ingérences extérieures. « C’est la dernière chose dont le pays a besoin », a-t-il dit.
Le Représentant spécial a énuméré les priorités les plus urgentes pour le prochain Président : la réforme du secteur de la sécurité, l’accélération de l’examen constitutionnel, la réconciliation et la résolution des conflits larvés dans le pays et le renforcement de la gouvernance. Il a pointé une autre priorité : remédier à la sécheresse actuelle qui touche cinq millions de personnes dans le pays. La famine se profile dans le pays si la réponse n’est pas renforcée, a-t-il dit.
Sur le plan constitutionnel, le Représentant spécial a souhaité une clarification du partage des pouvoirs entre le Président et le Premier Ministre, entre la chambre haute et la chambre basse du Parlement et, enfin, entre le Gouvernement fédéral et les Etats membres de la Fédération s’agissant du partage des ressources, du système judiciaire et de la feuille de route vers les élections de 2020.
Le processus électoral a mis en lumière la demi-douzaine de conflits larvés dans le pays, en particulier entre le Somaliland et la Somalie, chacun d’entre eux étant lourd de conséquences, a-t-il poursuivi.