Les dirigeants du mouvement de contestation au Soudan ont appelé vendredi à une grève générale “mardi et mercredi” en raison de l’impasse dans laquelle se trouvent depuis plusieurs semaines les négociations avec l’armée sur le transfert du pouvoir aux civils.
L’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, a indiqué dans un communiqué qu’elle était “contrainte de recourir à cette action pacifique faute d’alternatives”.
Les discussions avec l’armée, qui a pris le pouvoir après avoir écarté le président Omar el-Béchir le 11 avril, ont été suspendues lundi en raison de désaccords sur la composition du futur Conseil souverain, qui doit être mis en place pour gérer la transition, et sur la personne –un civil ou un militaire– qui doit en prendre la tête. Depuis, nul n’a indiqué si les négociations allaient reprendre.
Les généraux à la tête du pays ont jusqu’ici refusé les demandes de la contestation pour un transfert du pouvoir aux civils et insistent pour que l’un des leurs prenne la tête du Conseil souverain, censé diriger le pays pendant trois ans. L’armée fait ainsi la sourde oreille aux appels de la communauté internationale à céder le pouvoir à un gouvernement civil.
“Des grèves générales seront lancées mardi et mercredi dans les entreprises et sociétés publiques et privées et dans tous les secteurs professionnels. Des sit-in seront organisés parallèlement dans la capitale et dans les provinces”, est-il précisé dans le communiqué.
Ce mouvement de grève, qui sera levé jeudi, est destiné selon l’ALC à “rectifier le processus de la révolution et parachever ses objectifs” dans un pays plongé dans l’incertitude politique.
Depuis le 6 avril, des milliers de Soudanais campent nuit et jour devant le QG de l’armée à Khartoum. Ils exigent une administration civile pour remplacer les généraux, au pouvoir depuis la chute de Béchir à la suite d’un mouvement de contestation déclenché le 19 décembre 2018 par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain en pleine crise économique.
Le 14 avril, les dirigeants de la contestation ont transmis au Conseil militaire une liste de leurs requêtes dont la principale était, et demeure, le transfert du pouvoir à un gouvernement civil.
Après deux cycles de négociations, les deux parties ont accepté le 27 avril d’établir un Conseil souverain constitué de militaires et de civils.
Les négociations ont repris le 13 mai et la période de transition a été fixée à trois ans. Pendant 72 heures, les pourparlers ont par la suite été suspendus, les généraux réclamant pour les reprendre la fin des barrages routiers mis en place par les manifestants sur plusieurs routes de Khartoum.