Les diplomates du Conseil de sécurité de l’ONU ont révisé mercredi un projet de résolution sur le déploiement de 4.000 Casques bleus supplémentaires au Soudan du Sud après le rejet du texte initial par le gouvernement de Juba.
Le projet de résolution révisé, dont l’AFP a obtenu copie, prévoit que cette force régionale ne soit déployée que pour une mission de quatre mois, ait une “stratégie de sortie claire” et travaille avec le gouvernement.
Ce dernier, par la voix de son porte-parole Michael Makuei, s’était opposé plus tôt mercredi au précédent texte proposé par les Etats-Unis et qui autorisait la force régionale à “utiliser tous les moyens nécessaires” pour assurer la sécurité à Juba et dissuader les attaques contre les bases de l’ONU.
“Le projet de renouvellement du mandat de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss) rédigé par les Etats-Unis sape de façon sérieuse la souveraineté de la République du Soudan du Sud en tant que membre des Nations unies”, avait déclaré M. Makuei.
“Ce texte est très clair et transforme le Soudan du Sud en un protectorat, une situation que nous n’accepterons pas”, avait-il poursuivi.
Au cours de leur réunion mercredi, les diplomates onusiens ont proposé que la force régionale soit “mise en place pour une période initiale allant jusqu’au 15 décembre 2016”. Un mandat que le Conseil pourrait toutefois renouveler facilement.
Le projet de résolution révisé prévoit également qu’il n’y ait pas de restrictions d’accès pour les troupes et que la force régionale oeuvre avec le gouvernement d’union nationale au “bien-être du peuple sud-soudanais”.
Le texte maintient par ailleurs l’idée du plan initial selon laquelle la force régionale serait placée sous le commandement de la Minuss, force très critiquée pour ne pas avoir protégé des dizaines de milliers de civils réfugiés dans ses bases.
Le projet de résolution suggère enfin qu’un embargo sur les armes soit imposé au gouvernement si le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon signalait des “obstacles” au déploiement des troupes.
– Crise humanitaire –
Des diplomates ont indiqué qu’un vote sur le projet de résolution, qui est toujours en cours de négociation, pourrait avoir lieu vendredi.
“Il y a une division claire au Conseil entre ceux qui insistent sur la souveraineté avant tout et ceux qui veulent s’assurer qu’il y ait une force de protection robuste”, a résumé un diplomate.
La Russie, la Chine, l’Egypte et l’Angola ont ainsi émis des réserves sur l’idée que la force puisse “utiliser tous les moyens nécessaires” pour assurer la sécurité à Juba.
Vendredi, le secrétaire général de l’Igad avait assuré, à l’issue d’un sommet de l’organisation regroupant des pays d’Afrique de l’Est et de la Corne de l’Afrique, que le Soudan du Sud avait accepté le principe de l’envoi d’une force régionale sur son territoire. Mais, avait précisé Mahboub Maalim, les modalités du déploiement et surtout le mandat de la force devaient encore faire l’objet de discussions avec Juba.
De fait, le président du Soudan du Sud Salva Kiir s’est toujours publiquement opposé à l’envoi de troupes étrangères supplémentaires dans son pays, estimant que les 12.000 hommes de la Minuss étaient bien assez nombreux.
Des combats à Juba début juillet ont opposé les forces gouvernementales du président Kiir aux ex-rebelles du vice-président Riek Machar, faisant au moins 300 morts et plus de 70.000 réfugiés.
Ces violences ont mis en péril le fragile accord de paix signé en août 2015 pour mettre un terme à la guerre civile débutée en décembre 2013 et qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et 2,5 millions de déplacés.
Le patron des opérations humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien a averti, à son retour d’un déplacement dans le pays, que la situation humanitaire s’était dégradée.
Quelque 4,8 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire et 250.000 enfants souffrent de malnutrition sévère, a-t-il affirmé.
Dans des discussions avec Salva Kiir, il a par ailleurs demandé au dirigeant d’assurer la protection des travailleurs humanitaires après la mort d’une trentaine d’entre eux l’année passée.
Source: AFP