La Commission internationale indépendante d’enquête sur la République arabe syrienne a exprimé mardi sa profonde préoccupation concernant la sécurité des civils vivant dans la partie est de la ville d’Alep, où la violence des attaques a atteint de nouveaux sommets au cours de ces dernières semaines.
« Ces attaques semblent constituer le prélude à un siège, conçu pour forcer la prise de la ville grâce à une stratégie déjà documentée de ‘reddition ou mourir de faim’ », a indiqué dans une déclaration la Commission composée de Paulo Sérgio Pinheiro (président), Carla Del Ponte, Vitit Muntarbhorn, et Karen Koning AbuZayd.
« Des quartiers de la ville d’Alep sont maintenant pilonnés quotidiennement par des bombardements aériens menés par le gouvernement et les forces pro-gouvernementales, causant des pertes civiles massives », a précisé la Commission.
Par ailleurs, « de nombreux civils dans les zones de la ville d’Alep tenues par le gouvernement sont tués par les bombardements aveugles menés par des groupes armés, alors que les coalitions comprenant Ahrar al-Sham, Jaysh al-Islam, et le groupe terroriste Jabhat Fatah al-Sham (anciennement Jabhat al Nusra) montent leur contre-offensive contre les attaques du gouvernement », a-t-elle ajouté.
Selon la Commission d’enquête, la mise en place de couloirs humanitaires, si elle a lieu, doit être conforme aux principes humanitaires.
« Les civils qui choisissent de rester doivent avoir un accès sans entrave à l’aide humanitaire vitale », a-t-elle précisé. « Indépendamment de l’existence de couloirs humanitaires, l’obligation légale des parties belligérantes ne pas diriger d’attaques contre des civils et des cibles civiles demeure ».
« La guerre a des règles », a rappelé la Commission qui exhorte les belligérants à se conduire conformément au droit international. La Commission souligne toutefois que même si elles sont conformes aux lois de la guerre, les attaques sur la ville d’Alep, ne feront que faire souffrir davantage la population civile.
Alors que les attaques se poursuivent dans l’ensemble de la République arabe syrienne, la Commission demande instamment aux États disposant d’une influence, en particulier ceux soutenant des parties au conflit, de faire pression pour un retour aux négociations politiques. « Dans l’intervalle, et devant nos yeux, les hommes, femmes et enfants syriens continuent de payer le prix le plus élevé », a conclu la Commission.
Le prochain rapport de la Commission, qui examine les violations du droit international dans la République arabe syrienne entre janvier et juillet 2016, sera présenté à Genève au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies le 19 septembre 2016.