Turquie: triple attentat-suicide à l’aéroport international d’Istanbul

Turquie: triple attentat-suicide à l'aéroport international d'Istanbul
Des dizaines d'ambulances ont été mobilisées pour venir en aide aux blessés, après l'attentat qui a frappé l'aéroport d'Istanbul, le 28 juin 2016. REUTERS/Ismail Coskun/IHLAS News Agency

Au moins 36 personnes, dont des étrangers, ont été tuées et des dizaines d’autres blessées ce mardi 28 juin au soir dans un triple attentat-suicide survenu dans un terminal de l’aéroport international d’Istanbul, selon un dernier bilan communiqué par le Premier ministre turc Binali Yildirim. C’est l’attaque la plus meurtrière dans la métropole turque, déjà visée trois fois cette année.

Par Alexandre Billette ( RFI )

L’attaque aurait commencé à 22h15 (heure locale) ce mardi 28 juin, une heure de grand trafic à l’aéroport Atatürk. Selon les autorités, trois kamikazes se seraient fait exploser au passage des rayons X, avant de passer les contrôles de sécurité, au niveau des départs de l’aéroport.

Devant la presse sur le lieu des attaques, Binali Yildirim a expliqué que les trois kamikazes dont il n’a pas précisé l’identité ni la nationalité avaient ouvert le feu contre des passagers avec des fusils-mitrailleurs avant de se faire sauter. Le Premier ministre turc a aussi précisé que les assaillants étaient arrivés à bord d’un taxi à l’aéroport et a rejeté toute défaillance en matière de sécurité dans cet aéroport, l’un des plus fréquentés d’Europe, situé sur la rive européenne de la première mégapole de Turquie.

Des images diffusées sur les télévisions turques montrent un homme déclenchant ses explosifs après avoir été interpellé et visé par un policier. Les médias turcs parlent d’un groupe de 7 personnes : 3 kamikazes, une personne en garde à vue et trois autres toujours en fuite.

Lourd bilan

Les explosions ont été extrêmement puissantes. Le dernier bilan communiqué par le Premier ministre turc fait état de 36 morts et de nombreux blessés, dont plusieurs grièvement. Mais il pourrait encore s’aggraver. Des dizaines d’ambulances ont évacué les blessés vers les hôpitaux d’Istanbul. Un appel aux dons de sang a également été lancé.

Il y aurait également eu un mouvement de panique dans l’aéroport, des personnes qui auraient quitté le bâtiment à toute vitesse et qui se sont retrouvées à l’extérieur. D’autres auraient été bloquées dans l’aéroport plusieurs minutes, selon certains commentaires qui circulent sur les réseaux sociaux.

Sur les chaînes de télévision locales ont été diffusées des images de véhicules de police, de blindés légers, des ambulances du Croissant-Rouge et des camions de pompiers devant l’aéroport, devant les accès menant aux différents terminaux. Des taxis ont également été utilisés pour transporter les blessés vers les hôpitaux, selon les témoins interviewés par les médias locaux.

Sur les réseaux sociaux, des images montrent des fenêtres soufflées et des fauteuils renversés dans l’aéroport. On y voit également des corps allongés à l’extérieur.

Turquie: triple attentat-suicide à l'aéroport international d'Istanbul
Des centaines de personnes quittent l’aéroport Atatürk d’Istanbul, après un attentat meurtrier, le 28 juin 2016. REUTERS/Osman Orsal

 

 

 

 

 

 

La piste du groupe EI privilégiée

Pour le moment, il est trop tôt pour confirmer l’origine de cette attaque, mais la cible et la méthode rappellent davantage les groupes liés à l’organisation Etat islamique (EI), une méthode déjà employée à Istanbul précédemment. Le Premier ministre turc a d’ailleurs indiqué que « les indices pointent Daech ».

En conséquence, le dispositif de sécurité a largement été renforcé à l’aéroport d’Atatürk, où tous les vols ont été suspendus. Comme à l’habitude après les attentats, les réseaux sociaux fonctionnent au ralenti, après l’annonce d’un blackout médiatique par le gouvernement turc. Cet attentat majeur est le douzième à frapper la Turquie depuis exactement un an.

Réactions 

Quelques heures après l’annonce de l’attentat, dans un communiqué, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté à une « lutte commune » internationale contre le terrorisme. « J’espère vivement que l’attaque visant l’aéroport Ataturk sera un tournant, une charnière, pour la lutte commune à mener, avec en tête les pays occidentaux, sur toute la planète contre les organisations terroristes », a estimé le chef de l’Etat turc.

De son côté, Washington a condamné des attaques « abominables » à Istanbul et promet son soutien à Ankara. « L’aéroport international Ataturk, comme l’aéroport de Bruxelles qui a été attaqué plus tôt cette année, est le symbole des connexions internationales et des liens qui nous unissent », a affirmé le porte-parole de l’exécutif américain Josh Earnest. « Nous restons loyaux dans notre soutien à la Turquie, notre allié et notre partenaire dans l’Otan, comme avec tous nos amis et alliés dans le monde, alors que nous continuons à affronter la menace du terrorisme ».

En marge du sommet européen sur le Brexit à Bruxelles, François Hollande a lui « condamné fermement » un « acte abominable ». Le président français redoute que « ces actes terroristes qui viennent après d’autres n’aient comme conséquence que de rendre la situation encore plus difficile en Turquie ».