L’ancien ministre mozambicain des Finances Manuel Chang a été inculpé jeudi à New York pour avoir garanti, au nom de son pays, deux milliards de dollars d’emprunts en échange de pots-de-vin, opération qui a fait basculer son pays dans une grave crise financière.
Interpellé samedi en Afrique du Sud, M. Chang, 63 ans, est actuellement en détention provisoire dans l’attente de l’examen d’une demande d’extradition présentée par les autorités américaines.
Ministre des Finances de 2005 à 2015, M. Chang a apporté une garantie publique à des prêts visant officiellement à financer trois projets maritimes, qui ne verront finalement jamais le jour.
En vertu d’un montage coordonné par l’homme d’affaires libanais Jean Boustani, lui-aussi inculpé, les fonds ont notamment servi à rémunérer plusieurs intermédiaires, dont M. Chang, qui aurait perçu au moins sept millions de dollars de pots-de-vin, selon le document de l’inculpation publié jeudi.
Les trois entités qui avaient bénéficié de ces prêts ont toutes fait défaut, plongeant le Mozambique dans la pire crise financière de l’histoire de cet Etat devenu indépendant en 1975.
Plusieurs donateurs majeurs, dont le Fonds monétaire international (FMI), ont suspendu leur aide au Mozambique après la reconnaissance de ces emprunts.
Le montage a également impliqué la participation de trois banquiers d’affaires de Crédit Suisse, qui ont également été inculpés. Ils ont tous trois été interpellés à Londres jeudi, avant d’être remis en liberté sous caution.
Ils auraient tous également perçu des pots-de-vin pour avoir facilité les prêts, et ont depuis quitté Crédit Suisse.
Jean Boustani a lui été interpellé mercredi à l’aéroport John F. Kennedy de New York et placé en détention provisoire, a indiqué jeudi un porte-parole du procureur fédéral de Brooklyn, Richard Donoghue.
Manuel Chang a été inculpé, tout comme Jean Boustani et les trois banquiers, d’abus de confiance et de transferts de fonds utilisés pour corrompre des officiels.
Les fonds ont transité par les Etats-Unis, ce qui donne juridiction aux Etats-Unis pour poursuivre les cinq hommes, dont aucun ne travaillait ou ne résidait dans ce pays.
Source: AFP