Des centaines de personnes ont manifesté mercredi à Washington, pour exprimer leur raz-le-bol contre les brutalités policières à l’égard des minorités. Les manifestants exigent la fin d’un système qui maintient les minorités notamment noirs aux États-Unis, dans la précarité dans les secteurs socio-économique, sanitaire, éducatif et autres. Cette série de manifestations fait suite à l’assassinat de l’Afro-Américain George Floyd, asphyxié par un policier blanc à Mineapolis dans le Minnesota.
Par Irene Herman Télamio
Rien n’entame la motivation des habitants de Washington, D.C., la capitale politique américaine. Ils étaient plusieurs milliers à se donner rendez-vous devant le Capitol, ce haut lieu de la représentation des différentes communautés américaines et de l’élite politique du pays. Ils sont déterminés à battre les pavés pour poursuivre leurs protestations contre les discriminations raciales. Des parents ont même emmené leurs jeunes enfants qui ont voulu également se faire entendre dans ce combat pour la justice.
“Je içi pour montrer ma solidarité avec les Noirs. C’est important, même si je suis en train de protester contre quelque chose que je ne vais peut-être pas expérimenter. Participer à une revendication politique comme celle-ci est un grand privilège.”, explique Sophie, une jeune blanche étudiante à Detroit dans le Michigan et qui veut aussi devenir activiste.
Sous un soleil piquant d’été, soit 26 degré à l’ombre, les manifestants scandent des slogans de revendications et dénonciations. Ils brandissent des pancartes qui en disent long sur leur présence en ces lieux. Sur quelques unes d’entre elles sont inscrits les noms des personnes mortes aux mains de la police. Certaines portent des slogans comme le légendaire “Black lives matter” (La vie des Noirs comptent), les derniers mots de George Flyod “I can’t breathe” (Je ne peux pas respirer); ou encore “Desarm hate” (Désarmez la haine); “Silence is violence” (Le silence est une [forme de] violence).
-Le soutien blanc-
Les manifestants blancs affichent des messages qui expriment leur soutien à une cause qui concerne d’abord les Afro-Américains. Etaient inscrits sur les affichent qu’ils exhibaient: “Stop White Silence” (Arrêtez le silence des Blancs); “Life, Liberty and the pursuit of happiness, are not a white male privilege” (La vie, la liberté et la poursuite du bonheur ne sont pas seulement des privilèges de l’homme blanc; ou encore “Breathing for Black lives who can’t” (Nous respirons pour les vies des Noirs qui ne le peuvent pas).
Sophie est une jeune étudiante très préoccupée par l’injustice dont sont victimes les Noirs aux Etats-Unis. C’est avec émotion qu’elle s’est confiée à Infostime, indiquant que “les Blancs qui jouissent des privilèges doivent mettre leur corps entre les policiers et ceux qu’ils brutalisent, parce que nous ne serons pas brutalisés au même degré”.
Les Latinos, qui font aussi partie des minorités subissant quasiment le même sort que les Afro-Américains, ne sont pas restés en marge du combat. “Eres mo otro yo” (Tu es mon autre moi) et “Tu pelea es mi pelea” (Ton combat, c’est mon combat) étaient entre autres, slogans inscrits sur leurs pancartes.
Cette foule qui rassemble dans les rues, Noirs et Blancs, Latinos et Asiatiques, a des préoccupations plus nobles et des ambitions d’un changement positif de leur société. Elle revendique non seulement l’arrêt des brutalités policières visant les Noirs, mais aussi réclame le changement d’un système qui selon elle, accorde des privilèges aux Blancs et maintient les Noirs dans la précarité dans beaucoup de secteurs.
“Je ne suis pas venu ici seulement pour George Floyd, car ce n’est pas le premier Noir tué par les brutalités policières. Je suis venu pour dire mon raz-le-bol contre le système; pour que tout ceci s’arrête, pour que le système change et que nous, les Noirs, jouissions aussi des mêmes privilèges que les Blancs, que nous ayons accès à des emplois décents, à l’éducation, que nous ne soyons plus victimes de toutes ces discriminations qui nous oppriment”, affirme Josh, la vingtaine révolue.
Partie de Freedom Place, sur Independence Avenue, au centre-ville, les marcheurs, environ un millier, selon les organisateurs, Freedom Fighters ont égrené les pavés jusqu’au Capitol Hill, siège du gouvernement américain.Ils étaient quadrillés par des policiers qui veillent à ce que les débordements qui ont déjà conduit à des casses des vitrines dans la ville et à des scènes de pillages et de violence dans plusieurs villes américaines lors des différentes marches ne se reproduisent.
Ces protestations changeront-elles quelque chose à la situation des minorités? Alicia Forda, venue de Columbus dans l’Ohio, veut bien y croire: “Je ne suis pas ici que pour tous ces Noirs assassinés par la police et dont vous entendez les noms dans les médias, mais surtout, pour que mon frère, mon père, mon fils, mon oncle, mon ami ne marchent plus dans la rue avec la peur d’être tués par la police.”, avance-t-elle, avant de poursuivre: “Je veux que les miens se sentent en sécurité dans ce pays que nos ancêtres ont bâti. Je suis aussi ici pour que nous, les Noirs, soyons libérés de ces oppressions”.
Comme on pouvait s’y attendre, des policiers sont aussi déployés tout autour du building qui détient la clé du changement voulu par ces hommes et ces femmes de tous horizons, unis pour défendre une cause devenue une préoccupation nationale et une question qui transcende les limites raciales.
-Les policiers du Capitol Hill dans la danse-
Entre les chants et les cris de revendications, les protestataires se couchent à même le sol. Ils s’agenouillaient également pendant plusieurs minutes, pour honorer la mémoire des minorités, principalement des Noirs, ayant succombé sous la main de la police américaine. Et, pour montrer leur solidarité aux avec les manifestants en quête de justice sociale, des policiers qui encadraient la marche ont décidé de se désolidariser de leurs collègues qui brutalisent les minorités. Ils se sont mis à genoux, pendant de nombreuses minutes devant le Capitol Hill.