Le gouvernement yéménite a annoncé dimanche qu’il suspendait les pourparlers à Koweït avec les rebelles après la prise par ces derniers d’une base militaire en violation de la trêve fragile dans le pays.
La délégation gouvernementale restera cependant à Koweït et poursuivra les contacts avec le médiateur de l’ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a déclaré à l’AFP un haut responsable gouvernemental.
L’émissaire onusien avait réussi samedi à organiser des pourparlers directs, les premiers depuis le lancement des négociations le 21 avril, selon des membres de cette délégation.
“La délégation de la République du Yémen a suspendu sa participation aux pourparlers à Koweït en raison des violations continues (de la trêve) par les rebelles et leur prise de la base Al-Amaliqa”, a déclaré le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abdel Malak al-Mekhlafi, chef de la délégation, exigeant “des garanties” sur le respect de la trêve.
Un porte-parole de M. Mekhlafi, Mane al-Matari, a indiqué à l’AFP que le gouvernement suspendait sa participation aux négociations “directes et indirectes”, réclamant pour leur reprise des assurances “garantissant que les rebelles cesseront leurs violations de la trêve et se retireront de la base Al-Amaliqa”.
Le médiateur de l’ONU a été informé par la délégation gouvernementale qu’elle “ne prendrait pas part aux pourparlers directs de ce jour”, a déclaré à l’AFP son porte-parole, Charbel Raji.
Peu auparavant, le haut responsable gouvernemental avait déclaré que sa délégation suspendait les pourparlers “directs” et appelé l’ONU à “agir sérieusement pour mettre fin aux violations” de la trêve, en vigueur depuis le 11 avril, car elles “menacent de saper les pourparlers de paix”.
Selon lui, “les contacts se poursuivront avec le médiateur de l’ONU et avec les parrains” du processus de paix.
M. Cheikh Ahmed a indiqué avoir contacté les membres des deux délégations qui lui ont assuré qu’ils essaieront de résoudre leurs divergences, tout en refusant de participer à des discussions directes.
Le porte-parole des rebelles Houthis, Mohammed Abdelsalam, a de son côté ouvertement critiqué la décision du gouvernement yéménite.
“Ceux qui ne veulent pas la paix… sont ceux qui créent de fausses justifications pour bloquer” les pourparlers, a écrit M. Abdelsalam sur Twitter.
Ces développements sont intervenus au lendemain de la prise par les rebelles chiites Houthis d’une importante base militaire du nord du Yémen.
La base Al-Amaliqa, dans la province d’Amrane, a été reprise par un millier de rebelles Houthis et leurs alliés, selon des sources militaires. Les commandants de la base, située en territoire rebelle depuis 2014, avaient “choisi la neutralité” dans le conflit qui ravage le pays.
“L’attaque contre la base (qui compte quelque 600 militaires) sape les consultations de paix à Koweït”, a prévenu M. Mekhlafi. “Nous avons voulu être patients pour restaurer la paix dans notre pays. Mais nous répliquerons de la manière adéquate à ce crime des Houthis”, a-t-il ajouté sur Twitter.
Les protagonistes s’accusent régulièrement de ne pas respecter la trêve.
Les forces gouvernementales ont indiqué dimanche avoir recensé “3.694 violations par les Houthis et leurs alliés” qui, eux, ont évoqué “4.000 violations” de leurs adversaires.
En mars 2015, le conflit au Yémen a pris une dimension régionale avec l’intervention d’une coalition arabo-sunnite dirigée par l’Arabie saoudite pour aider le régime à chasser les rebelles des territoires conquis, dont la capitale Sanaa.
Le porte-parole des rebelles a annoncé samedi que l’Arabie saoudite avait libéré 40 partisans de son groupe.
Depuis mars 2015, le conflit a fait 6.400 morts, pour la moitié des civils selon l’ONU.