En marge du 27ème sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Kigali, au Rwanda, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est entretenu avec plusieurs leaders africains, auprès de qui il a insisté sur la nécessité d’entreprendre une action régionale et internationale concertée pour relancer la mise en œuvre de l’accord de paix au Soudan du Sud.
« Nous sommes tous consternés par l’ampleur de la violence et des attaques aveugles contre des civils et soldats de la paix, ainsi que par les pertes incommensurables en vies humaines et les souffrances que cette crise a infligées à la population du Soudan du Sud », a déclaré M. Ban lors d’un Sommet extraordinaire de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sur la situation au Soudan du Sud, organisé en marge du sommet de l’UA dans la capitale rwandaise.
Le Secrétaire général s’est réjoui de la forte condamnation des récents combats et violations du cessez-le-feu émise par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA et le Conseil des ministres de l’IGAD.
Depuis la flambée de violence dans la capitale Juba ces derniers jours, le chef de l’ONU a dit s’être entretenu avec le Premier Vice-Président Machar et l’Envoyé spécial du Président Kiir, ainsi qu’avec certains dirigeants de la région. « Je les ai exhortés à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour parvenir à une cessation immédiate des hostilités et à un engagement renouvelé en faveur de la mise en œuvre de l’accord de paix », a déclaré M. Ban.
Il a par ailleurs rappelé avoir exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à imposer un embargo immédiat sur les armes au Soudan du Sud, à adopter des sanctions ciblées supplémentaires contre les dirigeants et commandants qui tenteraient d’entraver le processus de paix et à renforcer la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).
« Nous soutenons la proposition faite par les chefs d’état-major de l’Ethiopie, du Kenya, du Rwanda, du Soudan et de l’Ouganda de renforcer la MINUSS au moyen de troupes issues de la région, sous le même mandat et la même chaîne de commandement, et de contribuer à la stabilisation du Soudan du Sud », a déclaré le chef de l’ONU, ajoutant que d’autres troupes seraient probablement également nécessaires.
Bien qu’il ait estimé que des renforts de troupes, un mandat solide et de nouveaux équipements, tels que des drones et des hélicoptères, étaient importants, le Secrétaire général a toutefois indiqué que ce conflit avait véritablement besoin d’une solution politique viable. « L’accord de paix global négocié par l’IGAD doit être pleinement mis en œuvre », a-t-il affirmé, tout en se félicitant de la réunion des Ministres des affaires étrangères de l’IGAD qui a eu lieu à Juba, le 15 juillet dernier, et de leurs efforts pour trouver une solution négociée à la crise actuelle.
« Je ne saurais trop insister sur la nécessité pour l’Union africaine, l’IGAD et les dirigeants de la région de fournir un soutien collectif et concerté aux efforts déployés par le Président de la Commission conjointe de suivi et d’évaluation, l’ancien Président [du Botswana] Festus Mogae, et le Haut représentant de l’Union africaine pour le Soudan du Sud, l’ancien Président [du Mali] Alpha Oumar Konaré », a dit M. Ban.
M. Ban s’est par ailleurs entretenu individuellement avec le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Dessalegn, qui est également Président de l’IGAD, à propos des défis concernant la paix et la sécurité régionale, ainsi que du changement climatique.
Selon un compte-rendu de leur discussion, publié par l’ONU, le Secrétaire général a profité de l’occasion pour féliciter M. Hailemariam Dessalegn pour le rôle de chef de file joué par l’Ethiopie dans la promotion de la paix et de la sécurité régionale, ainsi que pour la contribution du pays au maintien de la paix.
Les deux hauts responsables se sont inquiétés de la situation au Soudan du Sud et des risques d’une nouvelle escalade de la violence, dont les conséquences seraient lourdes pour le pays, son peuple et la région. Ils ont ainsi convenu de la nécessité d’une action internationale « urgente et renforcée » pour éviter que d’autres atrocités ne se produisent et pour donner une nouvelle impulsion à la mise en œuvre de l’accord de paix au Soudan du Sud.
Le Secrétaire général a informé le Premier ministre des recommandations qu’il a faites au Conseil de sécurité de l’ONU, en faveur non seulement de l’imposition d’un embargo sur les armes au Soudan du Sud et de sanctions ciblées additionnelles contre les individus entravant la mise en œuvre de l’accord de paix, mais aussi du renforcement de la MINUSS.
M. Ban a indiqué qu’il attendait avec impatience le résultat des délibérations de l’IGAD et des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, tout en insistant sur le « rôle important des dirigeants africains ».
Le chef de l’ONU a par ailleurs remercié le Premier ministre éthiopien pour le rôle et les sacrifices consentis par son pays en faveur de la stabilisation en Somalie. Il a insisté sur la nécessité de ne ménager aucun effort pour créer les conditions de sécurité nécessaires au bon déroulement des prochaines élections somaliennes.
Le Premier ministre a quant à lui assuré le Secrétaire général de l’engagement continu de l’Ethiopie en faveur de la paix et de la stabilité au Soudan du Sud et en Somalie.
Le Secrétaire général a d’autre part souligné les effets dévastateurs des phénomènes climatiques El Nino et La Nina dans le monde, et en particulier dans la région de la Corne de l’Afrique. Le Premier ministre l’a informé des mesures prises par l’Ethiopie pour atténuer l’impact de La Nina et a réaffirmé l’engagement du pays en faveur des efforts mondiaux visant à lutter contre le changement climatique, y compris via la ratification rapide de l’Accord de Paris.
M. Ban s’est ensuite entretenu samedi avec le Haut représentant de l’Union africaine pour le Soudan du Sud et ancien Président du Mali, Alpha Oumar Konaré, ainsi qu’avec le Président de la Commission conjointe de suivi et d’évaluation et ancien Président du Botswana, Festus Mogae.
Selon un compte-rendu de leur discussion, MM. Konaré et Mogae ont informé le Secrétaire général de leurs efforts pour la paix au Soudan du Sud, y compris leurs récentes consultations à Juba avec les dirigeants sud-soudanais.
Le Secrétaire général les a encouragés à poursuivre ses efforts. Reconnaissant la gravité de la situation et le risque de reprise du conflit au Soudan du Sud, le Secrétaire général et les deux anciens présidents ont convenu de l’urgence d’entreprendre une action régionale et internationale concertée pour relever les défis actuels et instaurer une paix durable dans le pays.
Le chef de l’ONU s’est également entretenu samedi avec le Président de la République du Tchad, Idriss Déby Itno, auprès de qui il a réaffirmé le soutien de l’ONU à la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, dans le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
(Avec le Centre d’actualités de l’Onu)