Unis pour une Alternance Démocratique au Tchad (UADT), un mouvement citoyen de la diaspora tchadienne basé aux Etats-Unis et au Canada mène une campagne sans précédent pour mobiliser la communauté internationale contre ce qu’il appelle “l’oppression des dirigeants du Tchad contre les pratiques démocratiques”, notamment la liberté d’expression. Ce 3 mai 2017, journée internationale de la liberté de presse, ils veulent porter haut leur voix à travers une grève de la faim.
Par Irene Herman
Le mouvement de grève s’étendra de New York jusqu’à N’Djamena y compris plusieurs autres capitales des pays d’Europe et d’Amérique du Nord selon les responsables du mouvement: Unis pour une Alternance Démocratique au Tchad (UADT). Ils exigent la libération immédiate des prisonniers d’opinion détenus arbitrairement dans les prisons tchadiennes, demandent l’annulation pure et simple de la peine de 5 ans prononcée contre Nadjo Kaina et Bertrand Solloh Ngandjei, tous les deux accusés de trouble à l’ordre publique alors qu’il dénonçaient un hold up électoral. UADT demande par ailleurs à la communauté internationale de mettre la pression nécessaire sur le gouvernement Tchadien afin qu’il cesse de pénaliser la liberté d’expression dans le pays.
Se référant à la constitution du pays adopté en 1993 et au regards des menaces qui pèsent au quotidien sur l’opposition politique ou sur toutes voix discordantes au régime du président Idriss Déby, l’UADT veut être la voix des opprimés du peuple. Dans sa détermination, le mouvement met à nu les arrestations arbitraires, les intimidations, les harcèlements et les détentions illégales que subissent certains tchadiens de l’intérieur comme de l’extérieur du pays et tire la sonnette d’alarme. “Il est temps que les autorités de notre pays comprennent nos souffrances”, lance tristement Annicette Kessely, membre de l’UADT. Visiblement angoissée, elle poursuit en soulignant que l’engagement de l’UADT n’est pas pour prendre quelque pouvoir que ce soit comme d’aucuns pourraient le penser mais c’est plutôt pour appeler à l’amélioration des conditions de vie du citoyen Tchadien et au respect des pratiques démocratiques au Tchad.
Cette première action de l’UADT est dénommée “Grève de la faim Acte I”. Le mouvement menace d’aller plus loin si, ses revendications ne sont pas prises en compte par les autorités tchadiennes. Il prend à témoin l’Union Africaine et la communauté internationale tout en avertissant quant aux conséquences qui découleraient de leurs actions, actions qui seront renforcées à chaque fois si, N’Djaména joue à la sourde oreille.
-Réactions de quelques organisateurs de ce mouvement de grève de la faim-
« J’observe une grève de la faim, pour honorer plusieurs journalistes et dirigeants de la société civile arrêtés et détenus arbitrairement au Tchad. Pendant 27 ans, sous le régime d’Idriss Déby Itno, les tchadiens sont systématiquement privés de liberté de parole, de presse, d’association, d’assemblée et de pétition, y compris d’autres droits fondamentaux, comme le droit de vote, de pensée etc. La grève de la faim est présentement notre seule arme, et nous l’utiliserons jusqu’à ce que justice et liberté deviennent une réalité pour tous les enfants du Tchad ». — M. Valery Nadjibe
« Je fais la grève de la faim ce 03 mai, journée de la liberté d’expression pour demander la libération des prisonniers incarcérés parce qu’ils osent organiser une manifestation. Le monde entier doit connaître la vérité sur la pire dictature au Tchad ». — M. Migo Natolban
« Le 03 mai: une journée au cours de laquelle j’ai une pensée unique aux jeunes tchadiens innocents qui sont privés de liberté d’expression, de paroles et de manifestations. J’observe une journée de grève de faim pour les soutenir dans leur prison ». — M. Obed Berasngar
« Je suis en grève pour marquer ma solidarité à Nadjo Kaina Palmer, Bertrand Solloh, Mohayadine Babouri et tous les prisonniers d’opinions détenus illégalement par le régime. Je dénonce l’instrumentalisation de la justice tchadienne et exige leur libération immédiate. J’exhorte la communauté internationale à sortir de son mutisme et mettre la pression sur le régime afin qu’il respecte la constitution tchadienne et les instruments juridiques internationaux ratifiés ». — M. Laya Djonabaye.
« J’ai décidé en ce jour du 3 Mai qui correspond à la journée mondiale de la liberté de la presse, d’observer une grève de la faim pour protester contre l’emprisonnement des journalistes et les atteintes à la liberté d’expression. Je demande au gouvernement tchadien la libération immédiate et sans aucune condition de tous les journalistes et hommes politiques qui sont détenus illégalement dans des prisons secrètes. J’appelle également les organisations internationales à intervenir pour mettre un terme aux violations de la liberté d’expression dans ce pays ». — M. Abdallah Chidi Djorkodei.
I guess it is purely symbolic because I don’t believe they can impact change that way.