Le parquet de la cour d’assises d’Abidjan a requis mercredi la prison à perpétuité contre l’ancien chef de guerre Amadé Ouérémi, accusé de “crimes contre l’humanité” dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire en 2011 lors de la crise post-électorale.
“Je demande au tribunal de reconnaître M. Amadé Ouérémi coupable des faits qui lui sont reprochés et le condamner à la prison à perpétuité”, a déclaré le procureur général.
La défense a de son côté dénoncé “des zones d’ombre” dans ce procès qui a débuté le 24 mars.
“Je vous demande de lui trouver des circonstances atténuantes au cours de votre sentence”, a plaidé Me Roseline Aka Sérikpa, l’avocate de la défense.
Le verdict de la cour d’assises est attendu jeudi dans la journée.
Sous le coup de 24 chefs d’accusation, cet ancien chef de guerre est accusé “d’assassinats massifs, viols, traitements inhumains et dégradants” commis dans la ville de Duékoué, théâtre de massacres les 28 et 29 mars 2011.
817 personnes ont été exécutées en une journée à Duékoué, selon la Croix-Rouge, 300 selon l’ONU, des chiffres rendus publics lors de l’audience.
L’accusé “est resté constant, il n’a pas nié les massacres, il était sous le commandement des chefs de la rébellion pro-Ouattara qui avait conquis l’Ouest”, a affirmé l’avocate de la défense, déplorant “un spectacle désolant au tribunal qui veut faire porter le chapeau à un seul homme”.
Chef de gang, puis chef d’une milice qui a martyrisé les populations locales, l’accusé, de parents originaires du Burkina Faso, a placé la région sous sa coupe et jeté son dévolu sur les riches terres du Mont Péko, une forêt classée dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.
Cette région frontalière du Liberia et zone de production de cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, a été la plus meurtrie pendant la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.
Les milices pro-Gbagbo, en appui aux forces régulières, affirmaient défendre les populations locales, en commettant elles aussi des exactions.
En face, se dressaient les rebelles pro-Ouattara, les chasseurs traditionnels dozos et la milice d’Amadé Ouérémi.
Selon l’ONU et plusieurs organisations internationales, la prise de Duékoué en mars 2011 par les combattants pro-Ouattara s’est accompagnée de massacres à grande échelle.
Sur fond de problèmes fonciers, la crise politique avait débouché sur des violences communautaires entre Guérés, l’ethnie locale majoritairement pro-Gbagbo, habitants “allogènes”, notamment Dioulas venus du Nord, majoritairement pro-Ouattara, et des immigrés burkinabè.
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